logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Enquête

Cinq ans d'engagements

Enquête | publié le : 13.03.2007 | Marion Leo, à Berlin

Le constructeur automobile DaimlerChrysler a conclu en 2002 un accord-cadre international. Depuis, 13 plaintes ont été identifiées et traitées.

Selon la Fédération internationale des organisations de travailleurs de la métallurgie (Fiom), rares, à ce jour, sont les plaintes identifiées dans le cadre d'un accord-cadre international (ACI). Et plus rares encore celles qui ont été traitées. Le groupe automobile allemand DaimlerChrysler fait ainsi figure d'exception. « DaimlerChrysler constitue l'expérience la plus concluante du traitement de plaintes dans le cadre d'un ACI », estime la Fiom dans un document d'information récent. Au siège du groupe, à Stuttgart, Thomas Metz, membre du comité d'entreprise général et chargé du suivi de l'accord, confirme l'analyse de la Fiom : « Notre accord est appliqué avec succès. Nous avons, jusqu'à présent, recensé treize plaintes et elles ont toutes été traitées », se félicite le représentant des salariés.

DaimlerChrysler est l'une des premières grandes entreprises allemandes (après Volkswagen) à avoir signé, en septembre 2002, un accord-cadre international. Dans ce texte, le constructeur s'engage à promouvoir sur tous ses sites dans le monde les droits de l'homme (interdiction du travail forcé, du travail des enfants, de toute discrimination, etc.). Il y reconnaît, ensuite, le droit à s'organiser en syndicat et s'engage à offrir à tous ses salariés de bonnes conditions de travail.

Les conditions d'une relation durable

Pour les fournisseurs, l'accord stipule : « DaimlerChrysler aide et encourage ses sous-traitants à introduire et à appliquer des principes comparables dans leur propre entreprise [...] attend de ses sous-traitants qu'ils adoptent ces principes comme fondement de leurs relations [...] y voit une excellente base pour construire des relations commerciales durables. » « Nous aurions souhaité une formulation plus contraignante, mais DaimlerChrysler travaille avec un nombre immense de fournisseurs et son attitude est compréhensible », confie Thomas Metz, du CE.

Liberté syndicale

Parmi les treize plaintes identifiées, cinq ont été formulées en Turquie, deux au Brésil, mais aussi quatre en Allemagne. « Toutes chez des fournisseurs », précise Thomas Metz. Dans la majorité des cas, elles portaient sur des infractions aux dispositions de l'accord sur la liberté syndicale. La première plainte a ainsi été émise en 2002 par les employés de Ditas, un fournisseur turc de DaimlerChrysler qui refusait la présence de syndicats dans ses usines. Une autre plainte a fait l'objet, l'année dernière, d'une large couverture médiatique en Allemagne : dans la nuit du 16 au 17 juin 2006, une usine appartenant au groupe Dräxlmaier, fournisseur de DaimlerChrysler, était démontée à Böbligen et transportée à Bruchsal. Ni le CE, ni les salariés n'avaient été informés.

Niveau local

Comment sont traitées les plaintes ? « Quand un problème survient, il doit d'abord être réglé au niveau local. Si aucun accord n'est trouvé, la plainte est renvoyée à la centrale. Elle est examinée par la direction, qui demande ensuite des explications au fournisseur concerné et l'exhorte à prendre des mesures. Souvent, cette lettre suffit », répond le représentant des salariés. Selon lui, tous les fournisseurs ainsi contactés ont cessé de s'opposer à une présence syndicale.

Mais le comité d'entreprise sait que seule une partie des plaintes émerge. « Nous ne sommes pas une police mondiale. Nous ne nous rendons pas chez nos fournisseurs pour voir s'ils respectent l'accord. Nous n'en avons pas les moyens », explique Thomas Metz.

Instrument efficace

Au siège du syndicat IG-Metall, à Francfort, un porte-parole dresse un constat semblable : « Nous ne pouvons pas assurer que les 50 accords-cadres internationaux déjà signés soient bien appliqués partout dans le monde et surtout par les fournisseurs. Il faudrait envoyer des contrôleurs dans chaque usine. Mais l'ACI est un instrument qui a fait ses preuves. C'est pourquoi nous continuerons à nous battre pour élargir le cercle des entreprises signataires. »

Selon lui, IG-Metall n'agit pas uniquement par idéalisme : « Nos membres tirent aussi profit de ces accords, car ils permettent de réduire les avantages concurrentiels des entreprises dépourvues de droits sociaux. »

daimlerchrysler

> Effectifs monde : 360 385 salariés.

> Implantations : 29 pays.

> Chiffre d'affaires groupe : 151,6 milliards d'euros, en 2006.

Auteur

  • Marion Leo, à Berlin