Dans les années 1980, le modèle scandinave semble marquer le pas. A cette époque, à l'exception de la Norvège, sauvée par son pétrole, les pays nordiques découvrent le chômage, les dévaluations, les budgets d'austérité et les coupes claires dans les fonds distribués par l'Etat-providence. Une bonne dizaine d'années plus tard, le modèle scandinave ressuscite : les pays nordiques gardent une couverture sociale généreuse, renouent avec la prospérité, ont une parité hommes-femmes exemplaire et se sont même offert le luxe d'une législation environnementale stricte. En contrepartie, le taux des prélèvements obligatoires y atteint les 50 %.

Aujourd'hui, ce modèle impressionne les analystes, car il conjugue des comptes publics excédentaires, un chômage inférieur à la moyenne européenne et un taux de croissance parmi les plus forts des pays industrialisés. Les pays scandinaves semblent donc avoir réussi la quadrature du cercle en conjuguant dynamisme économique et dynamisme social.

Les Français ne comprennent pas toujours pourquoi leur modèle social, tout aussi généreux, est incapable de rivaliser avec la performance nordique. Exemples à l'appui, Marie-Laure Le Foulon, journaliste installée en Suède, traque les différences, et constate qu'en France, tout est plus compliqué et compartimenté. Son ouvrage ne se veut pas un livre de recettes, mais une analyse des tenants et aboutissants d'un succès économique, qui a fait de la population scandinave miséreuse il y a un siècle, l'une des plus épanouies de la planète.

t Marie-Laure Le Foulon est correspondante du Figaro pour la Scandinavie. Elle vit en Suède depuis dix ans et collabore à plusieurs médias suédois.