Face à un régime de retraites «boiteux», le système des retraites complémentaires s'affirme de plus en plus. En 2006, le nombre d'accords conclus entre employeurs et salariés a presque doublé par rapport à 2005. Il y a encore quelques années - par méconnaissance ou par crainte de coûts supplémentaires -, le dispositif était très rare dans les entreprises polonaises.

En Pologne, le régime des retraites est construit sur trois piliers. Le premier est fondé sur des prestations versées par la sécurité sociale. Obligatoire aussi, le deuxième s'appuie sur des fonds de retraite. Le troisième pilier est un régime facultatif de retraites complémentaires, dispositif d'épargne volontaire.

Les sociétés étrangères - Michelin Polska, EDF, TPSA (France Télécom), Nestlé, Unilever - ont été les premières à booster ce dernier pilier... D'autres, comme Lafarge, étudient le système et envisagent de l'adopter. Michelin Polska, à Olsztyn, développe ainsi un «progamme des retraites pour les employés» depuis février 2001. « Nous avons été les premiers à appliquer ce système de retraites complémentaires, fondé sur deux contrats : le premier entre l'employeur et les représentants des salariés ; le second, entre l'employeur et des sociétés d'assurances », explique Jaroslaw Michalak, membre du directoire Michelin Polska et responsable du service personnel. Ici, pour bénéficier d'une retraite complémentaire, le salarié doit avoir au moins trois ans d'ancienneté et verser une cotisation de cinq euros minimum par mois. Pour l'entreprise, la cotisation s'élève à 4 % des salaires versés. Aujourd'hui, sur un total de 4 347 salariés qui travaillent chez Michelin Polska, 2 610 adhèrent au dispositif. Depuis mars 2001, dans cette entreprise, la valeur du point de retraite a doublé !

Au total, 129 000 Polonais bénéficient, aujourd'hui, de retraites complémentaires sous forme d'accords employeurs-salariés. Mais, à cet effectif, - car le système est «ouvert» -, il faut ajouter 430 000 adhésions individuelles, hors entreprises. Certaines régions ont rapidement pris les devants, notamment les plus industrialisées : Varsovie, Wroclaw, Katowice, Poznan. Pour les salariés, ces retraites complémentaires sont une garantie. Pour les entreprises, elles représentent évidemment une charge supplémentaire : « Ce sont des éléments de rémunération non négligeables pour attirer et fidéliser les compétences, mais leur mise en place influence les coûts du travail ! », explique un professeur d'économie.

En tous cas, à terme, ces dispositifs permettront d'améliorer sensiblement le niveau des retraites (aujourd'hui très faible).