«En 2002, la moyenne d'âge de notre personnel était de 45 ans. Il nous fallait absolument anticiper les départs en retraite et maintenir nos savoir-faire, malgré l'image peu attractive de nos métiers. » Pour compléter une démarche de GPEC, Roland Poillet, DRH des sites du Doubs du groupe Aciéries et fonderies de l'Est (AFE), a sollicité l'Association de formation professionnelle de l'industrie (Afpi) de la Loire. Objectif : monter une formation pour 15 opérateurs susceptibles de pouvoir évoluer vers des postes de techniciens ou agents de maîtrise. L'Afpi a assuré l'ingénierie et la formation au management, et passé convention avec le Greta pour l'enseignement technique (lycée lyonnais Hector-Guimard, spécialisé dans les métiers de transformation des matériaux).

« L'année suivante, nous avons cherché, à recruter de nouveaux collaborateurs, explique Roland Poillet, en misant sur les jeunes demandeurs d'emploi en échec scolaire, non qualifiés ». L'originalité du projet réside dans la sélection des stagiaires, longue, rigoureuse et partenariale. Ainsi, sur repérage de l'ANPE et d'une dizaine d'agences d'intérim de Franche-Comté et de Rhône-Alpes impliquées, 140 jeunes se sont portés candidats. Tous ont subi des tests de niveau général et psychotechniques (notamment sur leur capacité à intégrer un métier technique), des entretiens de motivation, puis une mise en situation professionnelle de deux mois (deux semaines financées par l'ANPE, six par AFE). Les 15 sélectionnés se sont engagés dans un contrat de professionnalisation de 18 mois, à l'issue duquel ils ont passé un Certificat de qualification professionnelle de la métallurgie (CQPM) d'opérateur de transformation métallurgique en aciérie. Les lauréats se sont vu proposer un CDI au sein du groupe AFE.

Pendant cette formation en alternance, les stagiaires étaient salariés, au Smic, par l'une des agences d'intérim impliquées. Celles-ci refacturaient le montant des salaires à AFE, mais prenaient en charge l'hébergement, la nourriture et le transport. Le coût, de 60 000 euros par stagiaire (dont 15 000 de frais pédagogiques) a été financé par le plan formation des agences d'intérim, plus une subvention de la région Franche-Comté. « Ce projet nous permet de développer les relations avec un autre client, qui, de plus, a des prévisions positives », explique Hervé Barton, responsable de l'agence Crit Intérim. « Aujourd'hui, cette opération sert de référence », reconnaît Virginie Mayer, chargée à AFE de suivre les stagiaires. 2007 est une année de réflexion pour passer à une promotion de jeunes en BTS et ouvrir le partenariat à d'autres fondeurs ayant les mêmes difficultés de recrutement.