Sous la responsabilité de Pierre-Yves Duwoye, directeur général des RH et secrétaire général adjoint du ministère de l'Education nationale, Alain Marsigny dirige la «Mission de pilotage de la maîtrise d'ouvrage des systèmes informatisés de gestion des moyens et des personnels». Un poste stratégique dans un ministère qui compte 1,3 million d'agents répartis en 160 corps administratifs. Dans ce vaisseau amiral de l'administration française, principal employeur du pays, l'informatisation des données relatives aux ressources humaines est une réalité depuis plus de vingt ans. La raison ? « Le point critique, martèle Alain Marsigny, c'est la préparation de la rentrée scolaire. Un casse-tête où il s'agit de lier moyens budgétaires et affectations de personnel. »

Au fil des ans, de multiples applications ont ainsi été développées en interne formant un système parfaitement rodé. Pour faire tourner cette gigantesque machine, 80 personnes travaillent à plein temps à l'évolution du SIRH sur la base de cahiers des charges élaborés au plus haut niveau de la hiérarchie.

Depuis septembre dernier, modernisation de la fonction publique oblige, c'est le chantier «Sirhen», du nom du futur SIRH, qui occupe les esprits. Avant cela, une étape nécessaire a consisté à remplacer le gestionnaire de base de données qui présentait des signes d'essoufflement. Un produit IBM en a chassé un autre : « Nous avons fait le constat de l'obsolescence de notre outil Informix 4GL qui n'était plus à l'état de l'art et que nous avons remplacé par DB2, un gestionnaire de base de données qui affiche une capacité de traitement beaucoup plus puissante. » Après avoir effectué cette opération préalable, le ministère s'est attaqué pleinement au projet «Sirhen».

Parallèlement, le paysage des SIRH dans la fonction publique se modifiait sous l'impulsion du travail conduit par la Direction générale de l'administration et de la fonction publique (DGAFP), avec ses différents projets de noyau SIRH, d'infocentre 3FP et d'Opérateur national de paie.

Après moultes discussions, le ministère de l'Education nationale s'est finalement décidé à prendre seul en mains l'évolution de son SIRH. « Les grands progiciels RH du marché auraient eu beaucoup de difficultés à gérer la problématique de la rentrée scolaire, indique Alain Marsigny. Des développements spécifiques très lourds auraient été nécessaires. De plus, le coût de la licence est fixé en fonction des personnels gérés. Vous l'aurez compris, prendre une solution du marché aurait généré un coût très élevé. Nous avons donc arbitré : l'Éducation nationale sera éditrice de son propre système d'information RH, lequel sera, bien entendu, compatible avec les spécifications du noyau commun fonction publique. »

La refonte du SIRH doit résoudre une problématique majeure : assurer la réunification et la transmission des informations RH. Concrètement, ce ministère est, par exemple, aujourd'hui incapable de lire, sur une seule application, les différentes étapes qui jalonnent la carrière d'un fonctionnaire. « Nous sommes obligés d'aller piocher dans différents endroits », constate le responsable. En outre, «Sirhen» devra intégrer des outils décisionnels, répondant ainsi à l'obligation de pilotage budgétaire introduit par la Lolf. Enfin, ce nouveau SIRH devra accompagner la mise en place d'une politique de gestion qualitative de proximité des ressources humaines, en particulier dans des domaines concernant la formation et la GPEC. Cinq années de travaux seront nécessaires avec des premiers résultats tangibles escomptés dès 2008. Une enveloppe de 800 000 euros a été débloquée pour les études à réaliser en 2007. Le coût global du projet sera affiné en fin d'année. J.-F. R.

> Effectifs : 1,3 million d'agents.

> Budget : 65,96 milliards d'euros en 2005.

> Nom du SIRH : «Sirhen».