On assiste, depuis la fin des années 1980, à une dualisation du marché de l'emploi qui renvoie vers les segments les plus défavorisés les personnes les moins dotées en diplômes, en expérience ou en capital social. Mais, à côté de cette précarité et de cette nouvelle pauvreté, on observe, pour toute la population salariée, une instabilité statutaire plus marquée et des trajectoires de moins en moins linéaires. La séquence formation-emploi-retraite fait de plus en plus souvent place à des allers-retours fréquents et désordonnés entre statuts d'emploi, de formation, de chômage et d'inactivité.

Pour pallier les risques afférents à cette transformation de l'emploi, le terme flexicurité s'est imposé pour traduire la nécessité d'articuler, voire de contrebalancer, les politiques de flexibilité à l'aide de droits et de dispositifs nouveaux permettant aux travailleurs de mieux assurer leur destin professionnel.

Le dossier, coordonné par trois sociologues - Antoine Bevort et Michel Lallemant, du Cnam, ainsi que Chantal Nicole-Drancourt, du CNRS -, s'articule en deux temps. Le premier est consacré à la protection de l'emploi dans un contexte de transformations économiques rapides ; le second tente de proposer de nouvelles pistes pour articuler autrement sécurité et emploi, notamment grâce à l'examen de ce qui se passe à l'étranger. L'objectif de l'ouvrage est d'aider à dégager l'idée d'une flexicurité à la française. P. R.