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Les Pratiques

L'insertion réussie des salariés épileptiques

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 27.02.2007 | Carole Bianchi

Dans le monde du travail, l'épilepsie est un sujet tabou. A Lyon, l'association d'insertion Oréa (1) a décidé de sensibiliser les entreprises afin de démystifier cette maladie.

Parmi les 823 salariés de Carrefour Ecully, dans la banlieue lyonnaise, quatre souffrent d'épilepsie. Déclarés aptes à travailler par le médecin du travail, ces salariés ont été affectés à la caisse, à la mise en rayon de produits ou encore à la vente. Signe de bonne intégration dans l'emploi, ils n'ont fait aucune crise depuis leur embauche qui remonte, pour certains, à plusieurs années.

Aucun aménagement spécifique

Selon l'infirmière de l'entreprise, Bianca Bruyère, « aucun aménagement n'a dû être envisagé », car les personnes avaient postulé d'entrée pour un poste compatible avec leur handicap. « L'avantage, c'est que nous avons un panel suffisamment large pour que ces gens ne se retrouvent pas en situation de danger au travail », souligne Pascale Perico, manager paie RH, avant d'insister : « Le handicap pris isolément ne veut rien dire. Ce qui nous importe, c'est de veiller à sa compatibilité avec le poste et de tout faire pour qu'une personne épileptique, comme un diabétique ou un malentendant, préserve son emploi. »

Si l'accès à quelques activités professionnelles, telles que la conduite d'engins, le travail en hauteur, l'enseignement ou encore l'aviation civile, est réglementé, pour les autres, une évaluation personnalisée du handicap et du poste peut permettre d'intégrer un salarié épileptique. « Pour beaucoup, cette maladie provoque des crises avec convulsions. Elle ne se traduit parfois que par le tremblement d'un bras ou les mouvements d'un pouce, explique Valérie Petit, responsable «Epilepsie et travail» au sein de l'association d'insertion socioprofessionnelle Oréa. Il existe encore trop de discriminations, dues à une méconnaissance de cette pathologie. » « Un tiers seulement de nos patients ont des problèmes d'aptitude au travail à cause de crises, souligne le Dr Pierre-Marie Gonnaud, neurologue-épileptologue, intervenant d'une consultation spécialisée, à Lyon, aux côtés d'un médecin du travail et de membres d'Oréa. Il n'existe pas plus d'accidents chez les épileptiques que chez les gens sans handicap. Selon plusieurs études européennes, l'absentéisme est même inférieur à celui des autres salariés. »

Rencontres

Oréa tente donc de démystifier ce handicap auprès des recruteurs. La première action s'est traduite par un colloque organisé en novembre dernier. Mais, sur 960 invités, seules 15 entreprises ont répondu présent. Loin d'être découragée, Oréa va redoubler d'efforts cette année en distribuant des supports d'information et en organisant d'autres rencontres auprès de clubs d'entrepreneurs et de salariés. En cinq ans, sur 730 personnes épileptiques suivies par Oréa, 556 ont retrouvé un emploi (entreprise classique, d'insertion ou en milieu protégé).

(1) Association Oréa. n& 04 72 52 22 52.

Auteur

  • Carole Bianchi