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L'actualité

Un troisième suicide au technocentre Renault

L'actualité | publié le : 27.02.2007 | Martine Rossard

Les syndicats de Renault mettent en cause la charge de travail dans les trois suicides de salariés du technocentre de Renault, à Guyancourt. La direction avait pourtant mis en place, dès 1998, un «Observatoire du stress».

Le parquet de Versailles vient d'ouvrir une enquête après le suicide d'un technicien du technocentre de Renault, à Guyancourt (Yvelines), qui emploie 12 000 personnes. Ce drame s'ajoute à deux autres suicides de salariés du même site, en octobre et janvier derniers. La CGT évoque un « accident du travail » et met en cause les pressions subies par les personnels pour atteindre les objectifs du Plan 2009 de Carlos Ghosn. Elle ajoute qu'un premier salarié s'était suicidé en 2005 et qu'un autre avait fait une tentative plus récemment.

Démarche constructive

A ce jour, la direction n'établit pas de lien entre ces actes de désespoir et les conditions de travail. Mais elle souligne les mesures prises. « En octobre, avec le cabinet Préventif, nous avons créé une cellule de soutien psychologique à la disposition de chaque salarié », déclare Antoine Lepinter, DRH du technocentre. Et une « démarche constructive » a été lancée avec le CHSCT de La Ruche, le bâtiment où travaillaient les trois salariés, pour analyser les causes de ces drames.

Parmi ces causes, Michel Fontaine, secrétaire général CGT du site, pointe essentiellement la surcharge de travail. « Dans les entretiens annuels, des objectifs non négociables sont assignés et tout refus condamne à un courrier de mise en garde », souligne-t-il. Il dénonce la disparition de l'entraide et « les journées qui finissent à 22 heures pour les cadres et les techniciens, tous au forfait ». Sans compter des clauses de mobilité qui obligent tout salarié à partir pour des mois en Espagne, en Roumanie ou au Brésil, « sans compensation suffisante ».

Outil d'aide à la consultation

La direction a pourtant mis en place, dès 1998, un «Observatoire du stress» avec l'aide de l'Ifas (Institut français d'action sur le stress). « C'est un outil d'aide à la consultation permettant d'enrichir la démarche clinique du médecin », indique Jean Dufour, médecin coordinateur du travail du technocentre. Selon les résultats d'un questionnaire permettant d'établir le niveau d'anxiété et de stress du salarié, le médecin du travail peut envisager une discussion avec le service RH, orienter le collaborateur vers une consultation, préconiser un arrêt de travail, déclarer une inaptitude temporaire.

Pour le Dr Dufour, les causes des suicides devraient être élucidées par une expertise confiée à l'Ifas. Mais cet organisme ne fait pas l'unanimité. Des élus du CHSCT préconisent le recours à un expert indépendant agréé comme le prévoit le Code du travail. Et certains souhaitent que la parole soit donnée aux épouses. Le 22 février, on apprenait qu'un salarié de l'usine PSA Peugeot Citroën de Charleville-Mézières s'est donné la mort, le 3 février. Dans sa lettre d'adieu, il invoquait ses conditions de travail.

Auteur

  • Martine Rossard