La particularité d'IBM est d'avoir longtemps été en position dominante dans un marché en pleine expansion. Née aux Etats-Unis, à la fin du XIXe siècle, IBM est plus qu'une entreprise, c'est une culture fondée sur la valorisation du commercial sur tous les autres secteurs de l'entreprise. Très vite après la Seconde Guerre mondiale, les pratiques de management feront d'IBM un véritable modèle totalisant, voire totalitaire.

Jean Ollivier considère qu'il y a eu, dans l'histoire de cette entreprise, trois périodes majeures séparées par de profondes ruptures - notamment technologiques - mais liées par de forts éléments de continuité. La période la plus éclairante, selon lui, reste celle allant de 1940 à 1945, placée sous le signe de la collaboration avec l'Allemagne.

De 1945 à 1960, on assiste à la fin de la mécanographie et au début de l'informatique. La politique sociale consiste essentiellement à court-circuiter les syndicats et à mettre le manager au coeur du système. A partir de 1960, le marché explose, mais le système, beaucoup trop centralisé, a généré une bureaucratie interne qui nuira au développement de l'entreprise, qui manque le passage à la micro-informatique.

Dans les usines, les aspects disciplinaires sont omniprésents et, à partir de 1980, quand les plans sociaux se succèdent, la direction décide de supprimer l'essentiel de la production. Quand une nouvelle société, Altis, prend le relais d'IBM France, la culture managériale d'IBM et les méthodes musclées perdurent.

Le travail d'historien commencé par Jean Ollivier, qui fut, pendant presque quarante ans, salarié d'IBM, a été poursuivi par les responsables des archives, après son décès, en 2005.