La fin du tunnel se profile. Selon une étude publiée, le 13 février, par l'Association pour l'emploi des cadres (Apec), 201 000 cadres ont été recrutés en 2006 (+17 % en un an), nouveau « record absolu ». L'embellie est confirmée par les chiffres 2007 qui prévoient de 207 000 à 220 000 embauches de cols blancs. « Une année exceptionnelle », a indiqué Catherine Martin, présidente de l'Apec. En moyenne, sur une base d'un échantillon de 11 000 sociétés, huit entreprises sur dix envisagent une stabilité de leur effectif cadres, 14 % une augmentation et 5 % une réduction.

La reprise est d'autant plus remarquable qu'elle s'effectue dans tous les secteurs - y compris l'industrie -, pour tous les âges et quasiment pour toutes les fonctions. La construction s'impose comme véritable moteur, même si c'est dans les services que pourraient se faire les deux tiers des recrutements. Deux fonctions, commercial et informatique, représentent, à elles seules, plus de 40 % du marché. L'Apec note que la fonction études-R & D a « le vent en poupe », une évolution jugée « positive ». « Il s'agit là d'un signal fort sur le marché de l'emploi cadre, indique l'association, non seulement parce que cette fonction est une «porte d'entrée» traditionnelle sur le marché pour les débutants, mais aussi parce que son évolution positive est à mettre en relation avec une perception plus confiante en l'avenir de la part des entreprises. » Seule ombre au tableau, la fonction finance pourrait connaître un recul des recrutements, après -16 % en 2006. Les cadres débutants (moins d'un an d'expérience) sont davantage courtisés par les recruteurs, ces derniers ayant tendance à les considérer comme variables d'ajustement à la conjoncture, selon l'Apec. Environ un quart des postes à pourvoir en 2007 pourraient leur être offerts. Idem pour les jeunes cadres (un à cinq ans d'expérience). Les cadres confirmés (plus de cinq ans d'expérience) se tailleront la part du lion, avec 93 600 à 104 000 offres attendues.

Ce contexte favorable pourrait, toutefois, se traduire par des difficultés pour les entreprises à trouver la main-d'oeuvre cadre recherchée. « Il existe un risque majeur, poursuit Catherine Martin. Celui de voir coexister un chômage alimenté par des formations de base insuffisantes, et des entreprises qui rencontrent des difficultés grandissantes pour trouver les compétences dont elles ont besoin. »

C'est pourquoi, faute de candidats adéquats, les entreprises misent de plus en plus sur la promotion interne : près de 50 000 personnes (+4 %) ont ainsi accédé, en 2006, au statut de cadre. Mais si l'étude n'aborde pas la question des salaires, la CFE-CGC dénonce, quant à elle, le tassement des grilles de salaire et note que « certains démarrent aujourd'hui à 200 ou 300 euros au-dessus du Smic ».