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Enquête

La gestion des âges prend du retard

Enquête | publié le : 20.02.2007 | Marie-Pierre Vega

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La gestion des âges prend du retard

Crédit photo Marie-Pierre Vega

Plus d'un tiers des effectifs de Rhodia est âgé de plus de 50 ans. Mais le groupe peine à arrêter une stratégie de gestion des départs à la retraite sur le long terme.

En 2003, Rhodia et les cinq organisations syndicales signent un accord de gestion anticipée des métiers, des emplois et des compétences (Gamec). Au coeur de l'accord : le diagnostic annuel métier-emploi. Chaque directeur de site doit réaliser le sien. L'objectif est d'identifier et d'analyser les métiers stratégiques et les métiers critiques. Parmi eux, ceux menacés par une pyramide des âges déséquilibrée. Car, chez Rhodia, 38 % des salariés ont plus de 50 ans.

Mais, quatre ans plus tard, personne n'en sait beaucoup plus. D'après les organisations syndicales, quasiment aucun diagnostic (Damec), n'a été fait. « On ne sait toujours pas précisément quels métiers sont dans une situation critique liée à l'âge des collaborateurs. Seul un Damec concernant les effectifs de R & D nous a été récemment présenté en CCE, mais cette profession n'est pas touchée par la question des départs en retraite », indique Pierre Gosselin, coordinateur groupe FO.

Difficultés financières

Deux sites de production, à Mulhouse et dans sa région, sont également prêts à produire leur Damec. « Mais il y a une raison : le premier supprime des postes et va finir par fermer, et le second est susceptible de récupérer une petite partie de ces salariés », explique Richard Hoffner, délégué syndical central CFDT.

Les difficultés financières que le groupe a connues, avec quatre années consécutives de lourdes pertes, expliquent en partie le désintérêt des directeurs de site pour la démarche des Damec. « Même nous, organisations syndicales, qui aurions dû mettre la pression, nous ne nous y sommes pas intéressés. Nos priorités sont ailleurs, dans les réductions d'effectifs et les cessions d'activité », reconnaît Richard Hoffner.

Le manque de ressources RH est une autre raison, selon FO : « Il n'y a plus de véritables responsables RH sur les sites de Rhodia, le groupe les a supprimés. Aujourd'hui, la direction nous dit qu'elle va donner des moyens supplémentaires aux sites pour réaliser les Damec, mais sans s'engager noir sur blanc sur le papier », note Pierre Gosselin.

La question du papy-boom des prochaines années est donc délaissée. Ce n'est pas le cas des salariés rapidement éligibles à la préretraite et à la retraite, qui peuvent servir de variable d'ajustement dans les réductions d'effectifs. D'après des estimations de la CGT, les effectifs de Rhodia en France sont passés de 7 412 personnes, en janvier 2006, à 6 000, aujourd'hui.

Négociation d'un accord de Gamec

Le groupe recentre son activité sur un portefeuille de métiers plus réduit. Pour accompagner les restructurations encore à venir, il est d'ailleurs en train de négocier un «accord-cadre portant sur les mesures et les modalités de la gestion anticipée des métiers, des emplois et des compétences». Dans ce contexte, les départs en retraite seront-ils remplacés ? « Tout dépend des activités. Celles qui ont le vent en poupe comme la production de polyamide et les fibres devraient continuer à effectif constant, donc il y aura des embauches si nécessaire. Par contre, les sites de production intermédiaires destinés à la pharmacie et à l'agroalimentaire vont perdre des effectifs », estime Richard Hoffner.

Pyramide des âges déséquilibrée

Reste un problème : le profil de la pyramide des âges, vieillissante certes, mais aussi déséquilibrée. Rhodia n'a pas embauché pendant plusieurs années. « On sait qu'il va y avoir un gros problème d'ici à quelques années. Par exemple, 25 % des agents de quart partiront en retraite d'ici à deux ou trois ans. Pour occuper ce poste, il faut vingt ans de boîte, et connaître son atelier sur le bout des doigts. Or, la relève n'est pas assurée. » La transmission des savoirs et des compétences serait menacée. Il existe déjà des signaux d'alerte. Lors des derniers grands nettoyages de printemps, qui nécessitent l'arrêt complet de la production, il a fallu rappeler des salariés partis en retraite parce que personne ne savait remettre en route certains ateliers.

Auteur

  • Marie-Pierre Vega