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Les Pratiques

Moissons nouvelles récolte enfin la paix

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 13.02.2007 | Violette Queuniet

Menacé de fermeture tant le climat entre salariés était conflictuel, un établissement médico-social a réussi, grâce à une démarche sur les conditions de travail et la gestion des conflits, à retrouver un climat serein.

L'Institut thérapeutique éducatif et pédagogique (ITEP) Moissons nouvelles, situé à Treillières, en Loire-Atlantique, accueille 55 enfants et préadolescents, de 6 à 14 ans, ayant des troubles du comportement ou en situation de rupture ; 68 salariés y travaillent : éducateurs, enseignants, personnel médical et paramédical, personnel administratif et technique. Fin 2001, les conditions de travail et l'état général des salariés sont profondément dégradés. Le médecin du travail constate, pour la moitié d'entre eux, des signes de souffrance psychique.

Des équipes éducatives sous tension

La raison ? Un climat de violence permanent tant à l'égard des personnes accueillies qu'entre les personnels. La fermeture est même envisagée. Une situation qui n'est pas rare dans les instituts de ce type. « La violence des enfants a forcément des effets sur les équipes éducatives. Les jeunes, hypersensibles, ressentent à leur tour les tensions chez les adultes, et c'est le cercle vicieux. Il est donc essentiel que les adultes retrouvent un équilibre », note Nicole Odéon, l'ancienne directrice de Moissons nouvelles, qui dirige, aujourd'hui, un autre établissement. C'est elle qui fait appel, en 2002, en lien avec le médecin du travail, l'inspecteur du travail et le CHSCT, à une intervention externe visant à l'amélioration du climat social de l'établissement.

Un diagnostic est réalisé par l'Aract Pays de la Loire. Le noeud du problème : une divergence profonde des équipes sur les règles à adopter vis-à-vis des enfants accueillis. Cela se traduit par des différences de sanction (éducatif contre disciplinaire) pour une même faute, ce qui n'améliore pas le comportement des enfants ! Un travail collectif aboutit à la définition en commun de nouvelles règles de fonctionnement.

Dispositif d'alerte

Pour améliorer le climat de travail, plusieurs mesures sont prises : le renforcement des équipes de jour par des éducateurs, la mise en place d'une séance d'analyse de pratiques avec une psychanalyste une fois par mois pour chaque groupe éducatif, le déclenchement d'une réunion immédiate en cas de problème grave. « Tout cela constitue un dispositif d'alerte, essentiel dans notre métier. Notre quotidien, c'est la violence projetée par des enfants pour qui nous sommes la dernière chance d'insertion », rappelle Daniel Deslandes, chef du service éducatif de l'internat.

Ce travail de deux ans a porté ses fruits. Aujourd'hui, le climat social s'est beaucoup amélioré, la violence institutionnelle a cessé et les arrêts maladie ont diminué de 50 % au bout d'un an. La démarche de Moissons nouvelles a été récompensée, en 2006, par un trophée de la qualité de vie au travail, remis par l'Anact.

Auteur

  • Violette Queuniet