Entre l'égalité abstraite et formelle, fondée sur le droit, et l'égalité des chances s'intercale toute la distance qui peut exister entre théorie et pratique. La première forme d'égalité favorise, à l'évidence, ceux que la vie a privilégiés. A contrario, l'égalité réelle des chances est un idéal qui reste souvent lettre morte pour ceux qui ne sont pas nés nantis : c'est une égalité vide, dont le principal intérêt est souvent de rendre responsable de leur échec ceux qui n'en profitent pas.

Mais, au-delà des intérêts individuels, les organisations peuvent avoir leur mot à dire sur les aspects performatifs de l'un ou l'autre modèle. Yazid Sabeg, qui a présidé le groupe de travail «égalité des chances» de l'Institut Montaigne, et Christine Charlotin, consultante en ressources humaines, dressent, à partir d'une étude sur un panel d'entreprises de tailles diverses, un état des lieux de la situation et en rappellent les enjeux. Pour eux, la diversité est la réalité même, et sa prise en compte est indispensable dans l'entreprise. Sans diversité pas d'innovation. Par ailleurs, à une période où la pénurie guette les services recrutement, les entreprises ne peuvent se permettre de faire des impasses en matière de ressources humaines. Pour en finir avec les plafonds et les parois de verre, les auteurs mettent sur la sellette les méthodes de management et comparent la situation de la France avec celle en cours à l'étranger, notamment chez nos voisins britanniques. Une problématique qui ne concerne pas uniquement les minorités.