C'est en passant par l'ergonomie que la DRH de l'Agence spatiale européenne (ESA) a commencé à pister les causes possibles de stress auprès des agents du siège parisien. « L'agence compte deux tiers d'expatriés et représente 17 pays. La multiplicité des nationalités, les mobilités, l'expatriation pouvaient se traduire par du stress », explique Nathalie Meusy, responsable des politiques sociales. Le médecin-conseil remonte d'ailleurs des plaintes sur les postes et les conditions de travail. Dès 1997, deux ergonomes proposent aux agents des exercices visuels, respiratoires et posturaux, et des stratégies antifatigue (pause, détente mentale...). Les postes de travail et les matériels sont examinés.

Quelques mois après, une enquête interne sur la santé au travail fait apparaître la charge et les relations de travail comme de nouvelles préoccupations des 300 agents du siège. « Nous avons lancé des projets RH, autour des aménagements du temps, du télétravail, de nouvelles formes de reconnaissance au mérite, ainsi qu'une série d'actions ciblées sur la santé », précise Nathalie Meusy.

L'équipe d'ergonomes qui accompagne ces dispositifs, en accord avec le CHSCT, effectue, à partir de 2000, des visites systématiques des bureaux, ce qui facilite la remontée des témoignages de souffrance ou de problèmes au travail. L'intervention de tiers permettant, peut-être plus facilement que celle de partenaires sociaux, de sérier les problèmes.

Une psychologue d'entreprise arrive en renfort cette même année. Mais la DRH a choisi de marcher sur des oeufs : « Nous n'avons pas voulu utiliser des termes faisant référence à la psychologie ; notre population est essentiellement masculine, scientifique et technique. »

Parallèlement, dès 2003, l'Agence lance des stages de deux jours sur le stress, faisant intervenir en séminaire interactif des psychologues, des médecins, des ergonomes. Puis, en 2005, elle initie des « Journées santé bien-être», déclinées en semaine complète en 2006, et sur le point d'être étendues aux autres centres européens de l'ESA. Le harcèlement moral a, par ailleurs, fait l'objet d'une négociation sociale et une politique ad hoc sera lancée ce printemps.

Sharon Cape, manager du département des finances, a apprécié l'atelier de deux jours sur le stress : « Nous sommes dans une organisation qui change parfois de staff, qui se réorganise autour de projets, cela peut être déstabilisant. Avoir de telles sessions pour apprendre à relâcher la pression, à se relaxer, est utile. »

Bruno Santos, membre de l'association du personnel, qui a travaillé avec la DRH, notamment sur le projet d'agence sans tabac, a assisté, lui, aux journées santé et bien-être. « Elles étaient plutôt axées sur l'hygiène de vie, la nutrition, le sport, la préparation des voyages, explique-il. Mais je pense que cela peut aussi favoriser un travail plus serein. »

> Activité : développement du programme spatial européen.

> Effectifs : 1 900 agents, dont 300 à Paris (siège).

> Budget 2006 : 2,9 milliards d'euros.