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Les Pratiques

Samas a rapatrié en Francesa production chinoise

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 30.01.2007 | Guillaume le nagard

La filiale française du groupe européen de mobilier de bureau Samas est sortie du redressement judiciaire en réorganisant ses marques, en spécialisant ses usines et en améliorant ses coûts de production. Son usine de Noyon a, ainsi, pu récupérer la gamme de caissons fabriquée en Chine depuis six ans.

ANoyon (Oise), dans la petite usine de meubles de bureau appartenant au groupe Samas, le plan de charge et le carnet de commandes ont cessé d'être le cauchemar des 150 salariés. Notamment parce qu'un tiers de la production réalisée jusque-là en Chine a été rapatriée. « Nous avons choisi d'investir dans les salariés plutôt que dans le pétrole et le transport », résume aujourd'hui Vincent Gruau, le Pdg de Samas France. Preuve que la mondialisation peut aussi marcher à l'envers, la stratégie de cette entreprise est regardée avec intérêt dans la mesure où elle souligne les atouts du «made in France», y compris pour des produits à valeur ajoutée relativement faible.

Délocalisation

Mais, en plus, dans le cas de Samas, c'est toute l'entreprise, avec ses trois usines de Noyon (60), Guise (02) et Bressuires (79), qui revient de loin. Il y a un peu plus de deux ans, elle était placée en redressement judiciaire, ne pouvant résister à la contraction du marché et aux tensions sur les coûts qui laminaient le secteur. La délocalisation en Chine de la production d'un tiers des caissons dans l'entrée de gamme, dès le début des années 2000, n'y avait rien fait. En sous-charge permanente, l'usine de Noyon, qui fabrique la gamme de caissons, imposait jusqu'à 25 jours de chômage technique par an aux salariés, avec des pointes à un jour par semaine selon la saison. Le pronostic vital pour toute l'activité était engagé.

Réduction des coûts insuffisante

En mai 2005, le tribunal de Nanterre entérine la sortie du redressement judiciaire. Les trois usines ont été spécialisées et les deux marques de la société rapprochées. Les réductions d'effectifs ont porté essentiellement sur les commerciaux. L'entreprise ouvre alors le dossier chinois. « Des réductions de l'ordre de 30 % étaient espérées en achetant en Chine, indique Vincent Gruau. En fait, nous n'étions qu'à -20 % par rapport à une production en France. Avec le coût du transport et l'augmentation de celui du pétrole, la moitié de ce gain était absorbée par les coûts logistiques. » En outre, ce faible avantage se paie : il faut cinq semaines pour livrer les clients plutôt que huit jours, et les personnalisations des gammes sont très limitées, à l'heure où le mobilier de bureau devient un vecteur d'image de l'entreprise vers ses clients et ses propres salariés. Pour finir, après quelques années d'externalisation de la production, l'entreprise commençait à perdre certaines compétences industrielles.

Annualisation du temps

Pour rapatrier l'activité, il reste à travailler sur les coûts de production : outre la spécialisation des usines, et l'investissement dans le process de fabrication, la DRH et les partenaires sociaux négocient, en 2006, un accord sur le temps de travail, permettant de mieux prendre en compte la saisonnalité de l'activité. « Le projet de redressement prévoyait une négociation sur l'annualisation du temps de travail, explique Paul Richet, le DRH. Chaque site a signé son propre accord. Globalement, il est possible de monter à 42 heures, voire, exceptionnellement, à 44 heures sur certaines semaines, en contrepartie de périodes basses où la récupération est facilitée. » « Nous avons cherché les solutions ensemble, indique, de son côté, Jaouze Driss, délégué CFDT de Samas, à Noyon. Nous sortions d'une période difficile, avec un plan de continuation évitant des licenciements secs en production et prévoyant des investissements. » L'autre volet porte sur l'augmentation de la polyvalence des salariés de production, avec de nombreuses formations internes. Une commande de Thalès permet de lancer la relocalisation de la fabrication des caissons un peu plus tôt que prévu : un appel d'offres gagné au coeur de l'été, pour une livraison en septembre. La nouvelle ligne de production est lancée à Noyon.

Aujourd'hui, dans un marché en évolution favorable, la direction peut se féliciter d'avoir pérennisé l'emploi, sans aucune aide publique. Des primes de productivité peuvent être distribuées et des intérimaires - pour l'instant - ont été recrutés en production.

Atol revient aussi en France

En même temps que Samas, le réseau d'opticien Atol a choisi de quitter la Chine, pour rapatrier en France la fabrication de ses montures de la gamme Ushuaïa. Elles seront fabriquées dans le Jura par le sous-traitant Oxibis. « Cela limitera les problèmes de gestion de stocks, de SAV, de culture, en particulier pour des produits très liés à la mode », indique le directeur général délégué d'Atol.

La société en profite pour réaffirmer son engagement en matière d'emploi : elle n'a pas délocalisé son centre d'appels ni ses ateliers de montage. Au contraire, elle investit, à Beaune (21), dans une plate-forme qui regroupera ces activités ainsi que la logistique.

Auteur

  • Guillaume le nagard