Chez L'Oréal, 65 % des nouveaux embauchés passent par la case stage. Pour recruter son vivier annuel de 800 stagiaires, le groupe de cosmétiques s'appuie sur 10 recruteurs représentant ses quatre divisions (produits professionnels, grand public, de luxe et cosmétiques) ainsi que ses fonctions supports. Depuis juin 2006, date de l'adoption du service après six mois de test, ces recruteurs spécialisés diffusent leurs offres via placeOjeunes, un portail conçu pour interconnecter les sites RH des entreprises avec ceux des écoles et des universités. A ce jour, 97 annonces ont été diffusées par ce biais. Elles ont donné lieu à 857 entretiens et 72 recrutements. Coût de diffusion : 350 euros l'annonce, avec possibilité de «pack» selon les besoins de l'entreprise.

Après avoir rédigé une annonce, le recruteur sélectionne les structures de son choix parmi la liste des 75 écoles et universités actuellement équipées du logiciel. Après validation de l'école réceptrice, l'annonce est automatiquement diffusée sur l'intranet sans qu'il soit nécessaire de la ressaisir. Pour le recruteur, qui s'épargne le démarchage du responsable des stages de chaque école, le gain de temps est important. Sans compter qu'il suffit, ensuite, généralement, de quelques heures pour voir remonter les premières candidatures. D'autre part, L'Oréal ayant opté, depuis juin, pour une diffusion systématique via placeOjeunes, les seules offres qui apparaissent désormais sur son site corporate sont celles qui n'ont pas donné les retours escomptés au bout d'une semaine. « Non seulement nous recevons des candidatures mieux ciblées, explique Yann Auffray, chef de projet RH, mais nous évitons aussi de créer une attente qui risque d'être déçue. »

Le réseau en expansion de placeOjeunes dans l'enseignement supérieur - après les écoles de commerce, de plus en plus d'écoles d'ingénieurs et de formations universitaires s'équipent du logiciel - intéresse également L'Oréal. Car, dans certains secteurs et en particulier celui du marketing, qui représente 70 % des besoins de L'Oréal, le marché se tend.

Après avoir, pendant longtemps, entretenu des relations très étroites - nomination d'un «campus manager» parmi les recruteurs, participation aux programmes pédagogiques, affectation de la taxe d'apprentissage - mais exclusives avec une quinzaine de grandes écoles, le groupe se voit donc contraint d'élargir son sourcing pour remplir ses objectifs de recrutement. « L'Oréal a parfois véhiculé une image trop élitiste, ajoute Yann Auffray. Nouer des partenariats avec un panel plus large d'écoles est aussi l'occasion de montrer qu'il n'est pas indispensable de sortir d'une école dite «parisienne» pour avoir sa place chez nous. »