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Les Pratiques

Litige sur les horaires des magasins allemands

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 30.01.2007 | Marion Leo, à Berlin 

En décembre et en janvier, six Länder allemands ont autorisé les magasins à ouvrir leurs portes 24 heures sur 24, sauf le dimanche. Au grand dam du syndicat Ver.di, qui envisage de saisir le tribunal constitutionnel.

Peter Dussmann, à la tête du grand magasin de biens culturels qui porte son nom, situé sur la Friedrichstrasse à Berlin, ne dissimule pas sa satisfaction. « Berlin peut, enfin, se mesurer aux autres métropoles du monde en matière d'horaires de magasins », se félicite l'entrepreneur sur son site Internet. Depuis le 17 novembre 2006, les magasins berlinois ont le droit de rester ouverts aussi longtemps qu'ils le souhaitent, du lundi au samedi, ainsi que huit dimanches par an. Berlin a été le premier Land à adopter une législation aussi libérale et a été suivi, depuis, par cinq autres Länder. Objet de controverse pendant des décennies, les horaires des magasins relèvent de la compétence des Länder depuis la réforme du fédéralisme allemand, votée l'été dernier.

Des règles strictes assouplies

Jusqu'en 1996, l'Allemagne disposait d'une des lois les plus strictes d'Europe, remontant à 1953. Les magasins devaient fermer à 18 h 30 en semaine et à 14 heures le samedi. Seules exceptions : les stations essence et les commerces situés dans les gares et les aéroports avaient le droit de fixer eux-mêmes leurs heures d'ouverture. Après les assouplissements de 1996 et de 2003 sur les horaires du soir et du samedi, le processus s'est encore accéléré, alors que la compétence en matière d'horaires était déléguée aux Länder. A l'instar de Berlin, ils espèrent ainsi attirer plus de clients et de touristes.

Atteinte à la Constitution

Mais, aux yeux du syndicat des services Ver.di et des églises allemandes, les nouvelles lois portent atteinte à la Constitution. Ulrich Dalibor, chargé du commerce chez Ver.di, rappelle que « la protection du dimanche et des jours fériés », « l'intégrité physique des employés » et « la protection des familles » sont inscrites dans la Constitution. « 70 % des employés des magasins sont des femmes, qui doivent concilier travail et famille. Ces nouveaux horaires sont scandaleux », s'emporte le syndicaliste. Et d'ajouter : « Nous ne pouvons pas nous-mêmes, en tant que syndicat, saisir la justice, mais nous avons reçu de nombreuses plaintes de nos adhérents et nous envisageons de déposer en leur nom une plainte constitutionnelle. »

Un autre sujet préoccupe le syndicat Ver.di. Selon la presse allemande, l'organisation patronale du commerce de détail (HDE) aurait récemment résilié la convention collective de branche en vigueur pour remettre en cause la facturation plus généreuse des heures de travail effectuées après 20 heures (payées 50 % plus cher). « Que les employeurs ne pensent pas qu'ils pourront faire travailler leurs employés toute la nuit sans leur verser de primes », avertit le syndicaliste. Les négociations s'annoncent serrées.

Auteur

  • Marion Leo, à Berlin