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Les Pratiques

L'Alsace combat l'illettrisme

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 30.01.2007 | Christian Robischon

L'Agefos-PME a monté un cursus interentreprises qui abat les obstacles psychologiques, pratiques et financiers souvent rencontrés dans la lutte contre l'illettrisme.

Cinquante-deux salariés étrangers ou d'origine étrangère de trois entreprises d'Alsace du Nord (le céramiste Duravit, les métallurgistes GLI et Wimétal) ont démarré, fin 2006, et pour un an, une formation au français de 100 heures, auprès de l'organisme Nova Langues. Cofinancée par les Opca Forcemat et Opcaim, l'initiative en revient à l'Agefos-PME. Des cas d'illettrisme lui avaient, en effet, été signalés par 72 des 200 entreprises de cette partie de l'Alsace que l'Opca interprofessionnel avait interrogées, en 2003-2004, en tant qu'animateur du Programme intégré territorial pour l'emploi (PIT). L'idée de monter une formation a alors germé, non sans se heurter à une multitude de contraintes.

Hors de l'entreprise pour plus de discrétion

« Les entreprises ont demandé une formation hors temps de travail, afin de ne pas perturber la production en équipe, et selon un montage financier ne puisant pas dans leur plan, dédié au coeur de métier. Pour éviter les blocages psychologiques des salariés et respecter leur volonté de discrétion, nous avons cherché un lieu distinct des usines pour la tenue des sessions. Enfin, il a fallu s'adapter à l'hétérogénéité de niveau des candidats », expose Alfred Bender, conseiller formation à l'Agefos-PME Alsace.

L'évaluation initiale de Nova Langues et d'universitaires a permis de répartir les salariés en trois groupes de niveau. Organisées dans un local mis à disposition par la mairie de Bischwiller, les sessions se succèdent à raison de deux heures par semaine. Duravit les a inscrites dans la période de professionnalisation, tandis que le personnel de Wimétal et de GLI les suit au titre du DIF. L'Opcaim finance 80 % du coût pédagogique et la totalité de l'allocation formation.

Coût pédagogique réduit

Le caractère interentreprises a permis de mobiliser, en outre, le FSE territorialisé, auquel aucun des trois employeurs isolé n'aurait pu prétendre. L'Europe et la région Alsace subventionnent ainsi l'opération à hauteur de 5 % chacune. Au final, le coût pédagogique à la charge des entreprises se réduit à 9 %, sur un total de 85 000 euros.

Les stagiaires auront peut-être l'envie de poursuivre leur remise à niveau en français après ces 100 heures, espère Duravit, à Bischwiller, dont 25 des 400 salariés ont intégré la formation « de façon volontaire », selon la direction. « L'initiative a le mérite de s'adresser aux opérateurs, trop souvent oubliés de la formation aux yeux de nos organisations syndicales. Savoir lire les consignes et les modes opératoires revêt un enjeu important pour le maintien de notre certification qualité », commente Michel Avrillier, directeur administratif.

Maître d'oeuvre du financement sans y participer, l'Agefos-PME escompte un futur « retour sur investissement ». La reconduction de cette opération est envisagée en septembre 2007.

Auteur

  • Christian Robischon