Le cadre, par définition, est en position délicate, entre les exigences de sa direction et celles de la base. Il aide également à relier deux sphères de la société qui n'ont souvent pas d'autre lien entre elles : la sphère financière et celle du travail. Entre les deux, il est certes vecteur de sens, mais, plus sûrement encore, le lieu d'une dissonance.
Pour Frederik Mispelblom Beyer, sociologue, encadrer rejoint ces métiers impossibles définis par Freud il y a un siècle : enseigner, psychanalyser, gouverner... L'auteur tente d'analyser les motivations de fond, générales et intemporelles, qui permettent à un encadrant d'encadrer, et de proposer des pistes tant conceptuelles que stratégiques pour y voir plus clair, et agir, si ce n'est idéalement, au moins au mieux.
Il n'aborde les méthodes managériales que de manière secondaire. Ce n'est pas, en effet, son propos. Elles font certes partie des outils de l'encadrement, mais elles ne sont pas, en dernier ressort, ni ce qui détermine la grandeur ou, au contraire, l'indigence des modes d'encadrement.
Au-delà des recettes, l'auteur tente de mettre en lumière la manière dont les choses se passent sur le terrain, c'està-dire rarement comme la direction l'imagine. Son ambition est surtout d'éclairer ce ressort quotidien de cohésion sociale à l'oeuvre, bon an mal an, dans l'entreprise, même si la dimension de l'idéal n'est jamais atteinte.
t Frederik Mispelblom Beyer est professeur de sociologie à l'université d'Evry, chercheur au Centre Pierre-Naville.