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RTT contre jours chômésà Renault Sandouville

L'actualité | L'événement | publié le : 23.01.2007 | Anne Bariet

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RTT contre jours chômésà Renault Sandouville

Crédit photo Anne Bariet

En attendant la fabrication de la nouvelle Laguna, prévue au printemps prochain, Renault Sandouville, en plein creux de cycle, devra tenir un certain temps. D'où la possibilité pour les salariés de prendre leurs JRTT par anticipation jusqu'en 2009, avant de forcer l'allure.

Eviter des pertes de salaire. L'avenant à l'accord sur la réduction du temps de travail, signé, le 15 janvier, par la CFE-CGC et la CFDT, vise à éviter le chômage technique en augmentant le nombre de jours de RTT pris par anticipation. Cet avenant, qui concerne les quelque 4 500 salariés du site, est à durée limitée. Les salariés ont la possibilité d'utiliser au premier semestre jusqu'à 40 jours de RTT programmés en 2007, 2008 et 2009 ; des jours qui pourront être progressivement compensés d'ici « au 30 juin 2009 ». Ce texte vise à adapter la charge de travail à la baisse de production ; la Laguna, principal modèle fabriqué à Sandouville, arrivant en fin de vie. Mais sa remplaçante, connue sous le nom de code X91, qui porte tous les espoirs de l'usine, ne sera pas lancée avant plusieurs mois. D'où des périodes de chômage technique qui coûtent autant à l'entreprise qu'aux salariés.

L'usine a déjà subi une quarantaine de journées de chômage partiel en 2005 et une soixantaine en 2006. Et le début de l'année s'annonce tout aussi difficile. Ces jours sont certes indemnisés, mais pas en totalité, le manque à gagner représentant une perte moyenne de 35 euros par jour non travaillé.

«Capital temps collectif»

Comment parvenir à un tel montage ? Les jours de repos pris par anticipation sont comptabilisés sur un compte «capital temps collectif». Créé lors de l'accord de RTT de 1999, ce compte, qui complète le capital temps individuel, permettait, jusqu'ici, l'utilisation de jours collectifs de repos dans la limite de 10 jours déterminés par l'employeur. L'avance de repos collectifs est portée à 20 jours avec possibilité, pour le salarié, d'aller jusqu'à un maximum de 40 jours. A compter du 1er juillet 2009, l'avance de repos collectifs sera à nouveau de 10 jours par an.

Par ailleurs, l'accord prévoit le transfert obligatoire vers le compte capital temps collectif d'une partie des jours cumulés par les salariés pour une formation. En clair, « les droits épargnés excédant l'équivalent de deux années d'acquisition théorique du DIF dans le compte épargne formation sont transformés en jours de capital temps collectif ». Pour la direction, l'objectif est que les salariés cessent de perdre de l'argent tant en salaire qu'en intéressement.

«Remboursement»

Mais comment «rembourser» ces RTT prises par anticipation ? C'est là le noeud du problème. Les salariés devront, de fait, les «payer» en temps de travail. L'accord parie sur le lancement du nouveau modèle, qui doit intervenir à la fin du printemps pour une commercialisation à l'automne. Il doit favoriser un retour à une période de haute activité, permettant de travailler, en théorie, à plein régime, au second semestre. C'est à cette condition que les compteurs temps des salariés pourront se retrouver à l'équilibre. « Les salariés redonneront ces journées en période de haute activité, mais cela veut dire, dans l'immédiat, une bouffée d'oxygène en termes de salaires », souligne la CFDT.

Les périodes de haute activité impliqueront, pour eux, de travailler le samedi ou d'allonger les plages horaires quotidiennes. « C'est un accord du moindre mal, poursuit Jean Lemaitre, secrétaire général de la CFE-CGC de l'établissement. Depuis deux ans, nous avons traversé des périodes difficiles sans aucun licenciement. Ce texte garantit une période de non-chômage avant de revenir à un régime normal. On compte 17 à 18 mois pour récupérer ces jours pris par anticipation. La cinquième semaine de congés payés ayant déjà été prise début janvier. »

Travail sans majoration

Tous les syndicats ne partagent pas cette opinion. Si la CFDT et la CFE-CGC, toutes deux minoritaires, ont ratifié l'accord, la CGT et FO n'y ont pas souscrit. « C'est comme si on faisait un crédit pour travailler, indique Alain Richeux, secrétaire général CGT. Nous ne pourrons jamais rembourser ces 40 jours pris par anticipation ou alors à des conditions très difficiles pour les salariés. Il va falloir travailler plus sans aucune majoration en heures supplémentaires. Selon une consultation réalisée en interne, 89 % des salariés sont contre cet accord. » La confédération souhaiterait, à la place, une baisse des cadences de production actuelle.

Autant dire que la venue de Carlos Ghosn, prévue le 29 janvier, est fortement attendue. Rassurera-t-il ? L'annonce de ses orientations stratégiques, le 9 février 2006, avait fait taire toutes les rumeurs de fermeture probable du site, le constructeur voulant positionner Sandouville sur le segment haut de gamme. Mais, en attendant l'embellie, chaque salarié de la marque au losange sera mis à contribution ; 0,15 % de chaque salaire sera, en effet, prélevé sur les fiches de paie de février et de mars prochains, pour alimenter le fonds d'indemnisation destiné au chômage technique.

Auteur

  • Anne Bariet