logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Enquête

Quand Reach devient un argument commercial

Enquête | publié le : 23.01.2007 |

Image

Quand Reach devient un argument commercial

Crédit photo

Rhodia concentre sa démarche Reach sur la maîtrise des risques des substances CMR. Une compétence qu'elle cherche à valoriser auprès de ses clients.

Lancé en 2004, l'inventaire des produits chimiques de Rhodia en est déjà à sa deuxième édition. Il porte sur les matières premières, les produits intermédiaires, ceux de laboratoire, et les auxiliaires (par exemple, certains solvants utilisés dans les ateliers mécaniques). C'est sur les produits qu'il vend que le chimiste concentre ses efforts. Ainsi, 400 substances ont été identifiées, dont 6 entrent dans la catégorie CMR. La décision la plus radicale a été prise au sujet d'un produit permettant le renforcement de matériaux : sa fabrication a été purement et simplement arrêtée, car la manipulation de la substance entrant dans sa fabrication (à base d'acrylonitrile) présentait des risques pour la santé des salariés.

Vers d'autres pistes

La solution de la substitution a été adoptée pour les produits utilisés en faible quantité dans les laboratoires de contrôle. Cette solution se révèle en revanche très difficile à mettre en oeuvre pour les produits vendus. « Nous consultons nos clients pour voir avec eux si d'autres pistes sont possibles. Mais il faut comprendre que, dans ces industries - automobile, aéronautique, cosmétique... -, les règles d'homologation et de contrôle des processus sont extrêmement longues. Un changement de produit dans l'industrie automobile prend plusieurs années. Nous travaillons donc plutôt, avec eux, dans ces cas-là, sur l'aspect maîtrise des risques, admis dans la réglementation Reach », explique Jean-Paul Pérès, directeur «responsible care» et directeur de projet Reach. Ainsi, l'une des plus grosses chaînes de Rhodia, la chaîne polyamide, où sont manipulées plusieurs centaines de milliers de tonnes de butadiène chaque année, fait l'objet de mesures draconiennes : surveillance des fuites, mesures de confinement, y compris sur les échantillons prélevés pour contrôle.

Les salariés travaillant au contact ou dans les ateliers utilisant les produits à risques font l'objet d'une surveillance appropriée, en plus de la visite médicale annuelle. D'ailleurs, l'ensemble des postes font l'objet d'une analyse en termes de santé et de sécurité, remise à jour tous les cinq ans. Des dispositions qui concernent les salariés de Rhodia dans le monde entier.

Les engagements en matière de santé et de sécurité figurent dans un accord mondial de responsabilité sociale signé avec l'Icem, le syndicat mondial de la chimie. A ce jour, il s'agit du seul groupe chimique à s'être mis « sous observation » d'un syndicat, selon l'expression de Jacques Khelif, directeur du développement durable de Rhodia. Des indicateurs de suivi permettent de vérifier la réalité des engagements (taux de sites audités en matière d'hygiène, sécurité, environnement, taux de fréquence des accidents du travail). Ces derniers taux s'appliquent également aux fournisseurs et sous-traitants, avec la limite, soulignée par Noël Michel, élu CGT à l'instance hygiène-sécurité-environnement du comité de groupe, « que la visibilité s'arrête au sous-traitant de rang 1 ».

Opportunité commerciale

En misant sur la maîtrise des risques, Rhodia cherche aussi à transformer la contrainte Reach en opportunité commerciale. « Nous avons acquis toute une expertise en matière de management des risques et de connaissances de la réglementation qui nous permet de conseiller nos principaux clients sur les mesures à prendre en prévision de Reach, indique Jean-Paul Pérès. Nous encourageons également nos équipes de vente à se servir de ce règlement communautaire pour développer le business. Les échos sont, d'ores et déjà, très favorables auprès de grosses sociétés. Il est évident, par exemple, que des marchés comme la cosmétique sont très ouverts à ce type de dialogue. » V. Q.

Rhodia

> Activité : chimie.

> Effectifs : 19 500 salariés, 88 sites dans le monde.

> Chiffre d'affaires : 5 milliards d'euros en 2005.