Pour les salariés de Lyondell, la prévention des risques a un prix. Il équivaut à la moitié de leur prime d'intéressement. « La prime d'intéressement repose sur quatre critères, dont deux sont les résultats enregistrés en termes de sécurité et d'environnement », explique Gérard Losardo, hygiéniste industriel du site de Fos-sur-Mer, une zone industrielle qui, à 70 km de Marseille, concentre plusieurs usines de l'industrie chimique et pétrochimique.

Lyondell fabrique des produits chimiques de base et des dérivés qui entrent dans la composition de biens de consommation courante comme des vêtements, des produits d'entretien, des matériaux de construction ou des carburants verts. Au chapitre sécurité, l'objectif est sans concessions : « Aucun accident, aucune exposition », lâche Gérard Losardo.

L'établissement enregistre des résultats meilleurs que ceux de la branche. Ainsi, en 2005, son taux de fréquence des accidents avec arrêt s'établissait à 3,1, contre 8,1 selon les chiffres de l'Union des industries chimiques (UIC). Le site est, par ailleurs, déjà parvenu à cumuler cinq millions d'heures travaillées sans accident avec arrêt, « soit l'équivalent de sept ans d'activité ».

« Le système de calcul de l'intéressement repose sur des objectifs intermédiaires dont l'atteinte est récompensée par l'attribution d'un certain nombre de points, explique Gérard Losardo. Tous les types d'accidents ou d'incidents sont répertoriés : l'accident sérieux, bien sûr, mais aussi tout ce qui nécessite davantage qu'un sparadrap. Par exemple, un salarié qui se tord la cheville sur le site et consulte un médecin à l'extérieur a été victime d'un accident qui mérite d'être rapporté. » Les anomalies sont également prises en compte : « Toute situation anormale qui aurait pu générer un accident doit faire l'objet d'un rapport. Nous tenons compte, dans l'évaluation, de l'atteinte des objectifs en matière de prévention des risques et de sécurité. »

Les objectifs sont exclusivement collectifs. La prime, exprimée en pourcentage du salaire, représente, selon les années, un demi-mois à un mois de salaire. « Il n'y a pas d'objectif individuel. Cela reviendrait à attribuer une prime au non-accidenté et encouragerait à dissimuler des incidents », indique Laura Bigeard, responsable de la communication du site.

Dans la même logique, les salariés sont incités à signaler les anomalies en consignant également des suggestions d'améliorations. Une fois par an, un Rada d'or (pour Rapport d'anomalie et d'amélioration) est décerné pour récompenser la meilleure contribution à la progression de la sécurité.

Le système de prévention du risque chimique de Lyondell comporte d'autres dimensions. Un comité de promotion de la sécurité est animé par des salariés volontaires. Il organise des animations au fil de l'année, comme des petits-déjeuners en différents lieux de l'usine ou des échanges de postes de travail pour mieux comprendre les enjeux relatifs à la sécurité de chacun.

« Lyondell cherche aussi à substituer aux produits dangereux d'autres qui le sont moins. Nous favorisons le travail en système clos pour éviter tout contact avec le produit, et le port d'une protection individuelle spécifique est obligatoire, dès lors qu'un danger est susceptible de subsister », souligne Gérard Losardo. Des mesures individuelles sont réalisées sur le site pour vérifier que le potentiel d'exposition dans une journée de travail reste bien en deçà des valeurs limites fixées par Lyondell, lesquelles sont inférieures aux limites réglementaires. « En 2005, sur cent trente mesures, une seule dépassait la valeur limite Lyondell », note l'hygiéniste industriel. Les prélèvements sanguins réalisés depuis cinq ans sur le personnel opérant sur les installations sont, quant à eux, toujours négatifs.

> Activité : fabrication de produits chimiques de base et de dérivés (oxyde de propylène, alcool butylique tertiaire, glycols de propylène, éther de méthyle et de tert-butyle).

> Effectifs : 350 salariés, 150 sous-traitants.

> Chiffre d'affaires 2005 : 638 millions d'euros.