Près de 20 000 situations évaluées, quelque 1 000 substances déclarées interdites dans la société : chez le fabricant de semi-conducteurs STMicroelectronics, la prévention des risques chimiques est prise au sérieux. Une démarche qui ne date pas d'hier - le groupe s'est engagé il y a quinze ans dans un programme de développement durable - mais qui a été renforcée en 2004 en prévision de Reach.

Avec un groupe d'experts, l'entreprise a déployé une méthodologie d'analyse des risques. Les 20 000 situations étudiées, qu'il s'agisse de stockage ou de manipulation, donnent lieu à la mise en place de dispositifs de prévention appropriés : systèmes d'extraction, systèmes clos, automatisation de la distribution des produits pour éviter le contact entre l'opérateur et les produits chimiques, etc.

Dans chaque site, un comité de suivi des produits chimiques, constitué de tous les acteurs concernés (ingénieurs sécurité, environnement, fabrication, achats, médecin du travail), est chargé de l'acceptation des nouveaux produits chimiques. Le comité vérifie, notamment, qu'ils ont tous une fiche de données de sécurité complète et recueille les informations de toxicologie nécessaires. Après quoi, des évaluations sont réalisées sur le poste de travail pour accepter le produit et le mettre en oeuvre.

« Les critères d'acceptabilité sont très proches de ceux de Reach. Nous avons mis volontairement la barre très haut pour pousser à la prévention. Ainsi, nous avons intégré dans notre liste de substances interdites des produits chimiques dont on n'a pas la preuve formelle qu'ils soient CMR », indique Philippe Levavasseur, responsable environnement-santé-sécurité au niveau du groupe. La méthodologie a été mise en oeuvre sur l'ensemble des sites du groupe.

Parallèlement, depuis 2000, l'industriel s'est fixé l'objectif de réduire de 5 % par an la quantité de produits chimiques utilisés. D'une base 100 en 2000, la consommation de produits chimiques (poids par unité de production) est passée à 60,2 en 2005. Cette réduction passe principalement par l'optimisation de procédés ou par la mise en place de nouveaux équipements.

La substitution est évidemment à l'ordre du jour quand c'est possible. Aujourd'hui, moins de 10 produits CMR sont encore utilisés. Le risque existe donc, même si, dans l'industrie des semi-conducteurs, les produits chimiques sont utilisés en faible quantité, essentiellement pour des opérations de gravure (procédé d'attaque par acide) et de nettoyage.

Avec d'autres industriels du secteur - y compris américains - réunis au sein d'une association professionnelle européenne, STMicroelectronics participe à un groupe de travail Reach. L'objectif est de rédiger les dossiers d'enregistrement de façon commune, car les équipements, les produits et les utilisations sont les mêmes chez tous les fabricants de semi-conducteurs. Les fournisseurs et équipementiers y sont associés. « Reach est une opportunité pour les utilisateurs de produits chimiques d'obtenir davantage d'informations sur les produits, soutient Philippe Levavasseur. Les fiches de données de sécurité ne sont pas toujours satisfaisantes. Seules des informations précises et détaillées nous permettent de faire des évaluations correctes des risques aux postes de travail et donc de progresser dans la prévention. »

V. Q.

> Activité : conception, fabrication et commercialisation de semi-conducteurs.

> Effectifs : environ 50 000 salariés dans le monde.

> Chiffre d'affaires : 8,88 milliards de dollars en 2005.