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Enquête

L'imprimerie se met au vert

Enquête | publié le : 23.01.2007 | Violette Queuniet

La Fédération de l'imprimerie et de la communication graphique mène une démarche active de prévention des risques chimiques auprès des PME. Un label «Imprim'vert» est attribué aux entreprises qui s'engagent à ne plus utiliser de produits toxiques.

Dans les années 1980, les encres utilisées dans l'imprimerie contenaient des amines aromatiques. On ne le savait pas alors : elles étaient cancérogènes. Résultat : des opérateurs à la retraite meurent aujourd'hui d'un cancer de la vessie. C'est pour éviter que ne se reproduisent de tels drames que la Fédération de l'imprimerie et de la communication graphique (FICG), qui compte 1 200 entreprises adhérentes, se mobilise autour des risques chimiques. Une première démarche a été menée avec la direction des risques professionnels de la Cnamts (Caisse nationale de l'assurance maladie des travailleurs salariés).

Guide de bonnes pratiques

A l'issue de travaux en commissions paritaires, une recommandation (1) sur la prévention du risque chimique dans les activités d'impression est sortie en juin 2005. Très pratique, elle liste, dans un tableau, tous les risques liés aux produits utilisés dans les différents process de l'imprimerie (offset, sérigraphie, hélio-édition...). « C'est un guide de bonnes pratiques qui s'impose à tous », indique Jean Studer, ingénieur-conseil à la direction des risques professionnels.

Pour Benoît Moreau, responsable environnement- sécurité à la FICG, le grand intérêt du travail autour de cette recommandation est de l'avoir abordé de façon paritaire. « Autant la culture de la parité est forte au niveau social, autant elle est inexistante dans la sécurité-environnement. C'était la première fois que je travaillais avec des représentants des salariés sur les risques chimiques. »

Identification des risques réels

Parallèlement, une expérimentation a été menée avec l'INRS (Institut national de recherche et de sécurité) pour identifier les risques réels en situation de travail. Il est, ainsi, aujourd'hui avéré que les encres offset ne présentent aucun risque cancérogène. Certaines encres utilisées par d'autres procédés - sérigraphie, héliogravure - peuvent, en revanche, contenir des produits toxiques. « Le problème majeur, aujourd'hui, réside davantage dans les additifs et les solvants de nettoyage », indique Benoît Moreau.

Une fois les risques identifiés, la FICG a choisi de faire passer le message de façon simple auprès des entreprises. En partenariat avec les CCI et les chambres des métiers, elle a mis en place l'opération «Imprim'vert».

Produits alternatifs

Pour obtenir le label «Imprim'vert», l'entreprise doit respecter trois critères : élimination conforme des déchets dangereux (solvants, cartouches d'encre...) ; stockage des liquides dangereux sur rétention ; abandon des produits étiquetés «toxiques» au profit de produits moins dangereux.

« Pour simplifier, nous demandons d'éliminer le produit et de le remplacer par un autre pour être sûr de ne jamais atteindre les valeurs limites d'exposition. A la FICG, nous sommes capables d'indiquer les produits alternatifs. Pour mener cette démarche de branche, nous avons impliqué les fournisseurs dès le début. Ils ont travaillé pour proposer d'autres produits. Et, à leur tour, dans leur démarche commerciale, ils peuvent renvoyer sur nous pour appuyer leur argumentaire », explique Benoît Moreau.

Améliorer l'aération

Si les produits dangereux sont aujourd'hui en voie de disparition, trois problèmes préoccupent la fédération : les encres numériques, très mal connues ; les cocktails de produits - même si le nombre de solvants reste très limité dans l'imprimerie - et les petites doses inhalées pendant une vie professionnelle. Sur le premier sujet, il est envisagé de demander une étude à l'INRS. Sur le dernier, la FICG milite auprès de ses adhérents pour améliorer les systèmes d'aération.

Les risques chimiques ont été placés au coeur de la Convention nationale d'objectifs (CNO) signée en mai 2005 par la profession avec la Cnamts. Cela permet aux entreprises de moins de 200 salariés de bénéficier d'une aide financière de leur Cram (à hauteur de 15 % à 70 % des dépenses) pour réaliser des projets améliorant la santé et la sécurité au travail. A l'heure actuelle, une trentaine de contrats de prévention ont été signés sur toute la France.

(1) Recommandation R421, consultable sur <www.risquesprofessionnels.ameli.fr>

800 PME de la chimie sont formées à Reach

« Le niveau de maturité des entreprises sur Reach est très contrasté. Les grands groupes chimiques travaillent sur les principes de Reach depuis plusieurs années. Le niveau de compréhension n'est pas le même dans les entreprises de taille plus modeste », avance Patrick Lévy, médecin-conseil à l'Union des industries chimiques (UIC).

Afin de préparer les PME à la mise en oeuvre du règlement européen, l'organisation professionnelle a lancé, avec le concours de la Direction générale des entreprises (DGE) du ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, une action de formation visant 800 entreprises produisant, important, utilisant et/ou distribuant des substances chimiques. Selon le ministère de l'Industrie, entre 2 000 et 5 000 PME sont concernées par le règlement.

Cette opération s'appuie sur le réseau des Drire (Directions régionales de l'industrie, de la recherche et de l'environnement), des UIC régionales et d'autres fédérations industrielles associées. Elle bénéficie aussi de l'expertise technique du ministère de l'Ecologie et du Développement durable.

La formation, qui devrait s'achever en juin prochain, comporte « un volet théorique, une déclinaison par secteurs, et un accompagnement personnalisé où sera notamment réalisé un diagnostic du portefeuille de substances existant », précise l'UIC.

L'IMPRIMERIE EN FRANCE

> Nombre d'entreprises : 6 000, dont 80 % comptent moins de 10 salariés.

Auteur

  • Violette Queuniet