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Les Pratiques

Quand les syndicats mènent des contre-enquêtes

Les Pratiques | Point fort | publié le : 16.01.2007 |

Avec leurs moyens, des sections syndicales d'entreprise pilotent, elles aussi, des sondages. Les résultats alimentent leurs argumentaires.

Début 2007, toutes les sections CFE-CGC des sites PSA lanceront la traditionnelle enquête RH qui demande, notamment, les niveaux de rémunération et d'augmentation des salaires. « Cela fait plus de dix ans que nous pratiquons cet exercice. Ce sondage constitue un véritable outil de travail. La direction est à l'écoute des résultats », explique Bruno Bodin-Hullin, délégué CFE-CGC du site de Vélizy (6 000 salariés).

En 2005, 58 % des répondants du site de Vélizy assuraient ne pas percevoir la valeur ajoutée de leurs gestionnaires de carrière ; 57 % jugeaient satisfaisant l'entretien d'évaluation conduit avec leur manager, tandis que 80 % estimaient ne pas disposer de suffisamment d'informations pour comprendre les règles qui régissent les rémunérations.

La CFE-CGC de PSA ne tient pas à communiquer sur le taux de participation tout en reconnaissant qu'il est faible. Cette année, le sondage sera encore proposé sur papier. La nouveauté tient dans le fait qu'il reprendra, pour la première fois, une partie des questions de l'enquête d'opinion périodique conduite en ligne par la confédération sur un panel de 1 095 personnes.

Grille de 20 questions

Chez Schneider, la pratique du sondage syndical a commencé, de façon «subversive», en juin 2005 : « J'ai adressé l'enquête via la messagerie interne à 3 000 salariés. J'ai reçu 360 réponses et un avertissement », se souvient Olivier Lapoix, délégué CFE-CGC. En mars 2006, la pratique s'est professionnalisée puisque c'est la junior entreprise de l'ESC Grenoble qui a mené l'enquête par téléphone auprès d'un échantillon représentatif de la population des ingénieurs et cadres de Schneider Electric, en poste en région parisienne et à Grenoble. Sur 1 000 cadres sollicités, 192 ont accepté de répondre à une grille de 20 questions ; 72 % des sondés ont jugé leur charge de travail trop lourde, tandis que 44 % ont estimé que les rémunérations n'étaient pas équitables. Les organisations syndicales n'ont pas été à la fête : 27 % des répondants les ont jugées « archaïques car défendant des idées d'un autre âge ». Tout comme chez PSA, l'enquête a repris une partie des questions posées par la confédération. La CFE-CGC de Schneider Electric a dégagé un budget de 3 000 euros pour cette prestation.

En 2007, une nouvelle enquête sera lancée. « C'est la constitution du fichier qui prend le plus de temps. Une grande partie de notre budget annuel est dévolue au sondage. La priorité est d'être à l'écoute. Cela permet de se poser les bonnes questions », explique Olivier Lapoix. Une formule en ligne est à l'étude. Le téléphone pose, en effet, quelques soucis, les salariés étant interrogés sur leur lieu de travail et préférant être rappelés chez eux afin de répondre plus librement.

R. H.

L'essentiel

1 Le sondage interne permet aux directions de justifier leurs décisions. Pour les syndicats, qui se livrent tout autant à l'exercice, c'est un outil d'information et de négociation.

2 Les directions assurent une restitution très segmentée pour que les salariés ne puissent pas comparer les résultats en fonction des pays et des directions. Celles-ci se montrent en revanche très enclines à se comparer avec d'autres entreprises.

3 Internet permet d'augmenter le nombre de salariés visés et leur taux de participation, tout en diminuant les coûts et les délais de traitement.

Internet : un support qui finit par coûter cher

C'est bien la formule du sondage en ligne qui permet aux entreprises de donner une dimension mondiale à la remontée des informations. Chez Total, par exemple, le recours à Internet, en 2004, a permis d'interroger 41 115 salariés contre 20 000 en 2002. Deux tiers des salariés de Renault ont répondu en ligne à l'enquête «Engagement», les autres sur papier.

Globalement, le support Internet contribue à augmenter les taux de réponses : 87 % chez Renault, 78 % chez Schneider. Si Internet contribue à faire baisser le coût unitaire des sondages grâce, notamment, à la fluidification des traitements, la note globale reste lourde du fait de l'augmentation du nombre des répondants. «Engagement» a ainsi coûté 500 000 euros à Renault, soit 5 euros par répondant.