logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Les Pratiques

Plus de 200 salariés restent à reclasser en interne

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 16.01.2007 | Céline Lacourcelle

Il y a près d'un an et demi, le groupe informatique lançait un vaste plan de restructuration. Un feuilleton à rebondissements qui a conduit à un nouvel accord 35 heures, à un excédent de candidats au départ et à un plan de réembauche.

La nouvelle est tombée le 12 septembre 2005. Le groupe Hewlett Packard veut procéder à un vaste plan de restructuration. Au total, 6 000 emplois sont concernés en Europe. La France n'est pas épargnée. Pire, elle est la plus touchée, avec 1 240 suppressions de poste programmées sur les près de 5 000 emplois que totalise l'entité française, composée de HPF (activités commerciales) et de HPCCF (activités industrielles). Cela concerne un salarié sur quatre. La levée de boucliers ne se fait pas attendre. Même le Premier ministre y va de sa remontrance en réclamant le remboursement des aides d'Etat perçues par le groupe informatique américain. Dans le même temps, les syndicats de l'entreprise se constituent en intersyndicale pour faire front commun.

Nouvel accord RTT

Finalement, en novembre, la direction décide de lâcher du lest, à condition de pouvoir remettre en cause l'accord sur la réduction du temps de travail signé en 1999. En substance, le texte prévoit, pour les non-cadres, les cadres P1 et P2, le maintien de leur temps de travail sous la forme de 35 heures hebdomadaires mais annualisées, soit 22 jours de RTT sur l'année. Les cadres au forfait jours passent de 206 jours de travail annuels à 216 jours, desquels sont soustraits deux jours de fractionnement. Les syndicats acceptent. Certains, à l'instar de la CGT, avaient auparavant consulté la base : 70 % des salariés interrogés se sont prononcés pour. « En fait, ce nouvel accord 35 heures est meilleur que le précédent dans la mesure où il offre une plus grande souplesse, souligne Didier Pasquini, délégué syndical national de la CFE-CGC. En général, les cadres au forfait n'avaient pas le temps de prendre l'ensemble de leurs JRTT. Dès lors, ils les perdaient. Le nouvel accord permet non seulement de les épargner mais aussi de se les faire payer. » A l'arrivée : 383 postes sont sauvés.

Créer de nouvelles activités

Le plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) concerne désormais 886 postes, soit 18,1 % de l'effectif. Il fait l'objet d'un protocole d'ouverture des négociations signé le 2 décembre 2005, à Grenoble. Le livre IV et le livre III font l'objet de rencontres extraordinaires. Dès janvier, un groupe paritaire réfléchit au volet développement d'activité. « Il fallait aller d'un mode de délocalisation vers un mode de création d'activités nouvelles », explique Didier Pasquini. Quatre mois après, les avis sur le PSE sont rendus. « Cela a permis l'ouverture de points d'information-conseil pour les salariés, ainsi que le lancement, le 21 juin, de la période de volontariat prenant fin le 5 juillet 2006 », précise-t-il.

Côté indemnités compensatrices de licenciement, HP fait preuve de générosité : les volontaires touchent , au minimum, la somme de 30 000 euros, plafonnée à 250 000 euros jusqu'à 50 ans, et à 400 000 euros pour les plus de 50 ans. L'attractivité des indemnités, doublée de l'employabilité de nombreux salariés du groupe, produit un excédent de candidatures au départ. Ainsi, 346 départs volontaires supplémentaires sont enregistrés : 208 chez HPF et 138 chez HPCCF, selon la CFTC. Finalement, tous seront satisfaits. C'est ce sur quoi s'entendent syndicats et direction. Il n'y aura donc pas de licenciements secs. Autre engagement : un plan de réembauche pour compenser l'excédent de départs d'ici à 2007.

Disparition de métiers

Mais cette «hémorragie» n'est pas sans poser des problèmes d'organisation pour l'entreprise. « Des métiers ont disparu. A l'Isle-d'Abeau, par exemple, il y avait encore un peu de production. Aujourd'hui, celle-ci est totalement délocalisée. De fait, on se retrouve avec des techniciens qui ne peuvent plus exercer », regrette Didier Pasquini. D'autres compétences manquent, notamment, dans les domaines de l'informatique interne, de la finance, de la gestion de projet, mais aussi « du service après-vente », ajoute Patrick Nowak, délégué syndical central CFE-CGC, constatant qu'il existe, aujourd'hui, globalement, 350 postes qui cherchent preneurs sur toute la France.

Projets «bouclés»

Selon la CFE-CGC, 87 % des candidats au départ ont bouclé leur projet de reclassement avant même d'avoir touché leur chèque ; 44 % ont retrouvé un CDI ; 19 % ont un projet de création et 24 %, de reconversion professionnelle. S'ajoutent 146 préretraités. C'est mieux que pour le précédent PSE, en 2003, après la fusion HP/Compaq concernant 356 suppressions de poste. Selon la CFE-CGC, environ 30 % des partants de HP sont, aujourd'hui, en situation précaire.

Les départs se sont effectués au fil de l'eau durant l'été. Les premiers ont eu lieu à la mi-juillet. Pour l'heure, un nouveau défi attend l'entreprise : le reclassement des personnes visées par le plan mais sauvées par les volontaires - la direction n'a pas souhaité s'exprimer. Selon la CFE-CGC, il resterait plus de 200 salariés à réaffecter, dont un tiers pour la partie industrielle, et deux tiers pour le commercial. Egalement en chantier : la revitalisation des différents sites concernant principalement les bassins essonien et grenoblois. Mais elle semble déjà bien engagée.

Auteur

  • Céline Lacourcelle