La Radio télévision espagnole, RTVE, prévoit de faire passer, en deux ans, ses effectifs de 9 000 à 6 400 salariés dans le cadre d'un plan dit «d'assainissement». Très endettée, l'entreprise publique a obtenu, en novembre dernier, le feu vert du gouvernement pour mettre fin aux contrats de 4 150 salariés au maximum. Elle prévoit, parallèlement, des embauches en CDI et en CDD sur de nouvelles grilles de salaires et de classifications. L'essentiel du plan repose sur des préretraites volontaires - avec 92 % du salaire jusqu'à 65 ans - pour des salariés âgés de 52 ans minimum ou ayant vingt-quatre ans d'ancienneté.

Le plan d'ajustement des effectifs a fait l'objet d'un accord signé par quatre syndicats de la RTVE à l'issue de longues négociations ponctuées de grèves. Le projet initial prévoyait 5 170 départs. Pour la direction, les 4 150 départs permettront de rajeunir les effectifs et de les mettre en adéquation avec les besoins de la future «Corporation RTVE». Celle-ci doit reprendre le personnel non partant en lui appliquant une nouvelle convention collective qui reste à négocier.

Par ailleurs, des formations, des sessions de recyclage et des actions d'adaptation sont prévues pour favoriser les conversions et les mobilités fonctionnelles dans l'entreprise. Début décembre, plus de 3 500 des 4 089 salariés ayant l'ancienneté ou l'âge requis avaient fait connaître leur accord pour partir dans les conditions du plan. Des départs de salariés atteignant 65 ans, âge légal de la retraite, doivent s'ajouter aux retraites anticipées des deux années à venir.

Cette politique n'est pas sans poser problème dans un pays qui veut respecter les objectifs de l'UE. Notamment celui de parvenir, en 2010, à un taux d'emploi de 50 % des salariés âgés de 55 à 65 ans. « Les préretraites sont discutées... Nous disons que ce n'est pas recommandé mais nous continuons à les accepter », reconnaît Cesar Mogo Zaro, du ministère du Travail et des Affaires sociales.

Idem aux Commissiones Obreras, le plus important syndicat : « La RTVE ne fait pas exception, confie Juan Carlos Jimenez, responsable du département Europe, il est courant d'avoir des préretraites dans les mines, les banques, l'industrie navale. » Mais, au Syndicat des journalistes madrilènes, opposé à l'accord, tout comme l'UGT, on dénonce « l'irresponsabilité sociale » et la disparition de postes. « Le projet ne traite ni du contenu, ni de la qualité du service public ni du professionnalisme, ni des compétences », s'indigne Antonio Peiro, le vice-secrétaire général. Ce plan de la RTVE risque de donner un signal négatif sur le maintien dans l'emploi des plus de 55 ans. Mais, en Espagne, la priorité est plutôt d'augmenter le taux d'emploi féminin.