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Le COR lance un pavé dans le débat présidentiel

L'actualité | L'événement | publié le : 16.01.2007 | Guillaume Le Nagard

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Le COR lance un pavé dans le débat présidentiel

Crédit photo Guillaume Le Nagard

Le rapport du Conseil d'orientation des retraites alerte sur la dégradation des comptes et pointe les débats à ouvrir dès avant le rendez-vous de 2008 : l'emploi des seniors, la réforme des régimes spéciaux et l'allongement de la durée de cotisation.

Durée de cotisation, régimes spéciaux, emploi des seniors... : le rapport du COR sur le financement des retraites, remis au Premier ministre le 11 janvier, aborde les sujets qui fâchent. Et les retraites ne devraient pas rester longtemps le mistigri de la campagne présidentielle. Raphaël Hadas-Lebel, président du Conseil d'orientation des retraites, a d'ailleurs souhaité que le document « nourrisse » les débats.

Nouvelles réformes

Le rapport détaille les conditions dans lesquelles devra s'ouvrir le rendez-vous de 2008. La réforme Fillon de 2003, qui allonge graduellement les durées minimales de cotisation (41 ans en 2012) et aligne celles du secteur public sur celle du privé dès 2008, avait en effet également prévu une «revoyure» à cette date, pour anticiper de nouvelles réformes. Elles seront déterminantes et peut-être plus douloureuses encore qu'attendu.

La situation de la branche retraite de la Sécurité sociale est « plus dégradée que prévu », indique le COR. Son déficit devrait atteindre 3,5 milliards d'euros en 2007, contre 2,4 milliards l'année dernière. Mais, à l'horizon 2050, le Conseil estime le besoin de financement du système de retraite entre « un peu moins de 2 points de PIB et près de 5 points ». C'est qu'alors, l'équilibre entre actifs et retraités se sera encore dégradé, avec 1,3 actif pour un retraité contre 2,2 pour 1 en 2005. Que faire pour redresser cette situation ?

Points stratégiques

Le COR ne se prive pas d'avancer quelques pistes, en mentionnant deux points clés : il juge « stratégique » la question du taux d'emploi des seniors, en rappelant que la France se contente d'un des pires résultats en Europe (lire encadré ci-dessus), avec 37,8 % des 55-64 ans en situation d'emploi, contre 42,5 % pour la moyenne européenne, alors que les pays scandinaves, et notamment la Suède, vont jusqu'à 70 %.

Régimes spéciaux

Autre dossier explosif, qui avait fait chuter Alain Juppé en 1995 : les régimes spéciaux de retraite. EDF, la RATP, la SNCF, l'armée... ont prudemment été laissés à l'écart de la réforme de 2003. Or, ces régimes qui permettent des départs à 55, voire 50 ou même 45 ans, sont largement déficitaires et doivent être financés à hauteur de 5 milliards d'euros par an par les contribuables. Si ces régimes ont été créés, à l'origine, pour compenser la pénibilité de certains postes, la situation a suffisamment changé depuis 1995 pour qu'aujourd'hui, la plupart des politiques soient, sur le principe, favorables à leur réforme, ce que préconise le COR. Néanmoins, la CGT, qui a participé aux débats, ne « donne pas son aval » aux conclusions sur les régimes spéciaux, Jean-Christophe Le Duigou soulignant que la question ne « concerne que 5 % des retraités ».

Faudra-t-il travailler plus longtemps ? D'un point de vue politique, l'allongement de la durée des cotisations au-delà de ce que prévoyait la réforme Fillon fait aussi partie des dossiers sensibles. « L'allongement de la vie professionnelle est une forme d'équilibre, c'est logique compte tenu de la hausse de l'espérance de vie », a souligné Raphaël Hadas-Lebel, tout en précisant qu'il reviendrait aux « décideurs politiques » de faire des choix.

Efforts supplémentaires

De son côté, Danièle Karniewicz, présidente CFE-CGC de la Caisse nationale d'assurance vieillesse (Cnav), n'hésite pas à tirer la sonnette d'alarme, parlant d'un indispensable « effort supplémentaire des Français » et soulignant que les salariés de nombreux pays européens partent en retraite bien après 60 ans. Là encore, la CGT, comme FO, refuse de voir disparaître les repères de 60 et 65 ans. Elle préférerait une réforme des cotisations employeur.

Le PS plaide pour une hausse de la CSG, Dominique de Villepin s'y est déjà opposé et se positionne en faveur d'un allongement des durées de cotisation... Une chose est sûre désormais, la campagne présidentielle ne fera pas l'économie d'un sérieux débat sur les choix de financement des retraites.

La clé de l'emploi senior

- L'un des défis du financement des retraites reste l'emploi en général et celui des seniors en particulier, a rappelé le COR. Avec un taux d'emploi inférieur de près de 5 points à la moyenne européenne, les seniors français restent une variable d'ajustement dans les entreprises.

- Annie Thomas, la présidente CFDT de l'Unedic, relève, en outre, que la dispense de recherche d'emploi (après 57 ans et demi, voire 55) concerne 415 000 personnes, non comptabilisées dans les chiffres du chômage. Les licenciements continuent d'affecter prioritairement les plus de 50 ans, mais souvent sur la base d'un « consensus social extrêmement fort ». Après le plan pour l'emploi des seniors, les syndicats demandent désormais des mesures plus fortes au gouvernement.

- La réforme Fillon prévoyait d'assurer une partie du financement des retraites par un transfert des cotisations Unedic dans un contexte de chômage en fort recul. L'hypothèse semble hardie.

Auteur

  • Guillaume Le Nagard