Les onze collaborateurs d'une compagnie financière, assis autour d'une table, un beau matin, à l'occasion d'un comité de direction, ne sont pas des Martiens, mais bien nos frères humains, avec leurs préoccupations personnelles, prosaïques, voire franchement libidineuses.

Derrière les façades sociales, l'auteur de ce roman nous révèle tout un jeu de pensées intimes, triviales, égoïstes, qui pourraient être aussi les nôtres.

Mais, au-delà de l'entomologie humaine, ce qui frappe dans ces personnages réunis par leur destin social est leur apparence de marionnettes de ces supposées libertés individuelles rassemblées dans le cadre de l'entreprise. Ce n'est pas seulement pour les autres que chacun semble, une fois pour toutes, cantonné dans son rôle, mais pour lui-même, pour tenir, face à la logique impitoyable du profit.

Que ce soit la mère de famille, qui n'a pas une seconde à elle, le cadre branché, cynique, ou la directrice du personnel, raide et coincée, tous semblent condamnés à sans cesse répéter la même partition ridicule au service de l'entreprise. Le moindre des paradoxes de ce roman n'est sans doute pas que celui qui semble le plus à l'aise, le plus humain en quelque sorte, soit le président de l'entreprise. En véritable prédateur, il anime à son profit le jeu de la concurrence entre collaborateurs, sans toutefois pouvoir maîtriser totalement l'incidence de son stress sur son état intestinal.

Plus vrai que nature et bien écrit, ce qui ne gâte rien !

- Laurent Quintreau est cofondateur de la revue littéraire Perpendiculaire. Auteur de théâtre, il est aujourd'hui salarié d'une grande entreprise de communication et responsable CFDT.