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Les Pratiques

SEW France remonte à 37 heures

Les Pratiques | Point fort | publié le : 09.01.2007 | Christian Robischon

La filiale du fabricant allemand de moteurs électriques industriels travaille deux heures de plus depuis septembre 2006. Au terme d'une opération de persuasion qui a privilégié le dialogue direct avec le personnel.

La deuxième tentative aura été la bonne pour la direction de SEW-Usocome à Haguenau (1 260 salariés permanents). Au nom de la compétitivité de l'usine dans un groupe de plus en plus mondialisé, le thème de la remontée du temps de travail la titillait depuis la mise en application - sans perte de salaire - des 35 heures à la fin des années 1990. Or, l'an dernier, sa première approche sérieuse s'était soldée par un échec. « Nous avions abordé la question trop tard, dans le cadre des négociations salariales. Bien qu'il n'ait pas été question de bloquer les rémunérations, cela a coincé », rappelle Michel Munzenhuter, directeur général. Mais, pour ce dernier, « il fallait conclure dans la période actuelle où l'entreprise tourne bien ».

La direction a alors doublement changé son fusil d'épaule : elle a remis le thème sur le tapis très en amont des négociations 2006 et, sans court-circuiter totalement les syndicats, elle a joué la carte du dialogue direct avec le personnel. La première étape a réuni collectivement les 100 cadres et Etam, un vendredi soir d'octobre 2005, pour exposer les arguments économiques d'une remontée du temps de travail. Moins de deux mois plus tard tombaient les propositions concrètes : renoncement à quatre jours de RTT pour les cadres (qui travaillent 38,5 heures), remontée à 37 heures assortie d'une baisse de moitié des jours de RTT pour les Etam. « Demandée sous 48 heures, la réponse a été un «oui» à 100 %, qui a dépassé nos espérances », rapporte Michel Munzenhuter.

Courte majorité

Forte de l'appui de ces relais, la direction estimait disposer des atouts pour revenir vers les syndicats. D'un commun accord, les partenaires ont décidé l'organisation d'un référendum pour l'ensemble du personnel. Depuis plusieurs années, celui-ci est sensibilisé au problème de la compétitivité : articles de presse sur les fermetures et plans sociaux dans la région ou dans le secteur d'activité alimentent les espaces communication de l'usine, sous le titre «Ce que nous voulons éviter». Une réunion d'explication en janvier, en présence des délégués, a précédé d'une semaine la consultation. Verdict : 91 % de participation débouchent sur une courte majorité de 52,5 % en faveur des 37 heures. « Si nous avions organisé le vote dans la foulée, le résultat aurait été supérieur. L'usine-soeur de Forbach (Moselle), qui a procédé de la sorte, a enregistré 70 % de «oui» pour une remontée à 37,5 heures », rapporte le directeur général.

Ensuite, les négociations annuelles se sont circonscrites à débattre du maintien du pouvoir d'achat. Au final, la compensation est presque totale : augmentations générales, paiement au taux légal des deux heures supplémentaires (réparties en quatre demi-heures du lundi au jeudi) et prime Villepin sur les résultats aboutissent, avant augmentations individuelles, à une hausse de 5,06 %, à comparer à celle de 5,71 % du temps de travail.

L'accord n'a été signé que par le syndicat majoritaire, FO, « au nom du maintien des emplois et compte tenu du paiement des heures sup », indique Didier Glath, secrétaire du CE. La CFTC, deuxième force dans l'usine, s'est abstenue, tandis que la CGT et la CFDT ont dit non.

Auteur

  • Christian Robischon