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Les Pratiques

Paris capitalise sur la gestion du temps de l'usager salarié

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 09.01.2007 | Patricia Sudolski

Après la création d'un bureau des temps à Paris, en 2001, une agence des temps verra le jour en 2007 pour gérer les projets collectifs qui prennent en compte le temps des usagers et des salariés. La Ville de Paris a, d'ores et déjà, misé sur le partenariat avec les entreprises.

«En travaillant sur la gestion des temps, Paris veut, entre autres, apporter du confort à ceux qui travaillent. Notre objectif est aussi d'instaurer plus d'égalité, nous voulons que les actifs qui n'ont pas les moyens d'avoir recours aux services marchands, par exemple, pour la garde d'enfant, puissent trouver une solution grâce aux services publics. » Anne Hidalgo, première adjointe au maire de Paris, est «la patronne» du bureau des temps, créé en 2001 par la Ville, pour adapter Paris au nouveau rythme de vie. Notamment, depuis 1950, les habitants se couchent en moyenne deux heures plus tard... », précise-t-elle. Mettre en route une politique des temps a impliqué de créer du lien entre des interlocuteurs aux intérêts très divergents. « Je fais de la gestion de ressources humaines au niveau d'une capitale, reconnaît-elle. L'enjeu, c'est qu'en soulageant les contraintes des uns, on n'accroisse pas celles des autres. »

200 partenaires contactés

La démarche du bureau des temps s'organise ainsi : il prépare un diagnostic des besoins, alimenté par des enquêtes et des concertations, puis il expérimente des projets et les généralise. D'abord centrés sur la demande des habitants, ceux-ci se sont ensuite élargis à celle des salariés. « Depuis un an, explique Véronique Jeannin, responsable du bureau des temps, la démarche partenariale a été engagée avec les entreprises. » Plus de 200 partenaires ont été contactés par l'Association française de l'excellence territoriale (Afet). Parmi eux, un tiers d'entreprises.

Concertations locales

C'est ainsi que l'Association nationale des directeurs et cadres de la fonction personnel (ANDCP) a été présente à toutes les réunions. « Les DRH sont intéressés au premier chef, déclare Pascal Bernard, vice-président de l'ANDCP. Nous sommes garants vis-à-vis du personnel de la responsabilité sociale de l'entreprise et, donc, de l'équilibre vie professionnelle et vie privée. Si le salarié voit sa vie privée facilitée, il se sent plus à l'aise au bureau. »

Quand elle a contacté les entreprises, la Ville était déjà pourvue d'une expertise. Les concertations locales fournissaient la matière pour proposer des pistes. Parmi celles-ci : le développement des crèches ou de conciergeries interentreprises ouvertes sur le quartier, le partage des places de parking avec le collectif, la création de points vélo sur les lieux de travail...

Le principe de la mise en place de ces projets est le partage des coûts grâce à la mutualisation des moyens et des lieux. La Caisse d'épargne, Monoprix, Axa, Vivendi... sont parmi les plus intéressés. « L'argument économique emporte leur adhésion, avoue Véronique Jeannin. Une politique des temps conciliés réduit le turn-over, l'absentéisme, et renforce l'attractivité des implantations. »

Premières actions en 2007

Les partenariats noués pendant la consultation sont, aujourd'hui, dans leur phase de concrétisation ; 2007 verra l'émergence des premières actions. Un exemple ? « Au printemps prochain, explique Pierre Dommergues, délégué général de l'Afet, la C.G.Scoop d'Ile-de-France ouvrira, sur le site de la ZAC Paris Rive gauche, une antenne qui mettra à disposition des salariés qui y travaillent un bouquet de services. » Par ailleurs, EMGP, les Magasins généraux, qui regroupe sur son site des sociétés de production audiovisuelle, met en place actuellement une navette fluviale sur le canal de l'Ourcq. Le bureau des temps étudie une mutualisation des moyens dans la perspective d'ouvrir l'accès de ce transport aux habitants.

Partage des tâches

L'impact de ces futurs projets peut déjà se mesurer à l'effet que ces premières initiatives à l'attention des usagers ont sur leur vie de salarié. « Depuis que Paris a commencé à faciliter l'accès aux démarches administratives, raconte Pascal Bernard, les DRH ont vu s'enclencher un mouvement de partage des tâches administratives du foyer entre hommes et femmes. Quant à l'amélioration du service des gardes d'enfant, c'est un coup de pouce à l'égalité professionnelle. »

Des mesures testées et validées

La garde des enfants. Un plus grand nombre de crèches associatives vont fonctionner en horaires décalés et le samedi. Dans les haltes-garderies, un accès à des places en urgence va être proposé aux personnes en recherche d'emploi. Un système de garderie à domicile à un coût équivalent à celui d'une crèche va être étendu pour les familles monoparentales qui travaillent en horaire décalé.

La pré-adolescence. Le mercredi et durant les petites vacances, les parents actifs pourront, bientôt, confier leurs jeunes à des équipes de la Ville.

Horaires d'ouverture des équipements. De la piscine jusqu'à 22 heures aux nocturnes pour le Petit Palais... D'autres réflexions sont en cours.

Démarches administratives. Un numéro unique d'appel (& 3975) informe, de 9 heures à 19 heures, tous les jours, sur les formalités officielles. Des nocturnes, le jeudi, dans les mairies d'arrondissement, sont à l'étude.

Auteur

  • Patricia Sudolski