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Enquête

« La VAE ne peut fonctionner sur des reliquats de crédits »

Enquête | ENTRETIEN AVEC | publié le : 09.01.2007 | L. G.

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« La VAE ne peut fonctionner sur des reliquats de crédits »

Crédit photo L. G.

E & C : A cinq ans d'existence, la VAE est-elle quantitativement un succès ?

V. M. : La VAE est entrée dans les moeurs et n'est pas près d'en sortir. Près de 60 000 personnes s'engagent dans une démarche de VAE chaque année. Certains diplômes ne sont pas encore accessibles par cette voie, mais le seront prochainement. Les organismes dans la mouvance du ministère du Travail (ANPE, Afpa) ont été lents à se mobiliser, mais commencent à s'approprier le dispositif. Les objectifs fixés par Gérard Larcher - 100 000 VAE en 2007 - ne sont donc pas irréalistes. Autant que le nombre de bénéficiaires, les changements induits par la VAE me semblent essentiels : revalorisation des apprentissages en situation de travail, perception différente du rôle des diplômes et des titres dans la carrière professionnelle, développement de parcours de progression professionnelle mêlant expérience et formation...

E & C : Est-il raisonnable d'avoir plus de 15 000 certifications ?

V. M. : La Commission nationale de la certification professionnelle peine à réguler un système dans lequel chaque institution veut «battre monnaie». Sur ces 15 000, près de 12 000 sont des diplômes de l'enseignement supérieur. Nous combinons, en France, le principe des diplômes nationaux, censés être les mêmes sur tout le territoire, et une politique de certification propre à chaque université, un peu sur le modèle anglo-saxon. La mise en place des masters et des licences professionnelles n'a fait qu'accentuer l'aspect illisible de ce système. L'obligation de décrire les objectifs des cursus en termes d'activités et de compétences fera sans doute progressivement apparaître que derrière des intitulés parfois très spécifiques, les aptitudes, connaissances et compétences visées sont souvent très proches.

E & C : Le développement de la VAE pâtit-il uniquement d'un problème de financement - accompagnement, rémunération des jurys... - ou les freins sont-ils d'une autre nature ?

V. M. : La VAE ne peut fonctionner «en temps masqué» et sur des reliquats de crédits. En Franche-Comté, le conseil régional a mis en place un chéquier VAE, et les Assedic la financent pour les demandeurs d'emploi. C'est dans ce sens qu'il faut aller.

Le véritable développement de la VAE viendra surtout de son intégration dans la panoplie des outils qui permettent de construire des parcours de progression professionnels. Les réticences d'une partie des enseignants et des formateurs, qui pensent que la VAE « c'est très bien, mais pour le diplôme des autres », seront progressivement surmontées.

Auteur

  • L. G.