logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Les Pratiques

Des changements de métier plutôt réussis

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 19.12.2006 | P. S.

Pour gérer la suppression de 25 % de ses postes locaux sans licenciements, la Banque de France, dans le cadre d'un PSE signé en 2004, a choisi la mobilité. L'effort d'accompagnement a permis de développer les capacités d'adaptation de ses salariés.

Ala Banque de France, les non-cadres, qui forment 80 % des troupes, ne sont pas mobiles statutairement, sauf en cas de restructuration. Or, aujourd'hui, les missions de la Banque sont sans cesse évolutives. « L'idée qu'une carrière, c'est toute sa vie dans le même bureau à répéter une même tâche n'est plus en phase avec la réalité », décrit Alain Thomas, adjoint au DRH. Mais ce schéma était ancré dans la culture de l'institution depuis Napoléon. Et les mentalités n'ont commencé à évoluer qu'à l'occasion du plan de sauvegarde de l'emploi (PSE), signé le 1er janvier 2004.

Démaillage géographique

« Pour éviter les licenciements, nous avons tablé sur des mesures d'âge et sur la mobilité. Notre plan de mobilité, concède Alain Thomas, a été l'outil de gestion du PSE. » Annoncée fin 2003, la restructuration était lourde : fermeture de 115 succursales impliquant la suppression de 2 285 équivalents temps plein. Elle exigeait l'arrêt des opérations ouvertes à la clientèle et la réduction du maillage géographique, survivance d'une autre époque, qui voulait qu'on puisse se rendre à cheval d'un poste à l'autre en une journée. « La dématérialisation croissante des opérations bancaires, explique Alain Thomas, n'exige plus une présence dense sur le territoire. » A cela s'ajoutent des considérations de coût. Selon les syndicats, la restructuration aurait permis à la Banque de réaliser une économie brute annuelle de 185 millions d'euros.

Préretraites et reclassements

« Notre réussite, explique Alain Thomas, c'est que, durant le PSE, les agents sont restés mobilisés pendant le transfert d'activités. » Les fermetures de succursales ont suivi trois vagues : 1er septembre 2004, 1er juillet 2005 et 1er juillet 2006.

Dans un premier temps, sont entrées en vigueur les mesures d'âge. La préretraite a été proposée à tous ceux qui atteignaient 55 ans durant la durée du PSE : 2 500 personnes sont parties. Cela a permis, ensuite, de se concentrer sur les reclassements : 2 000 postes étaient vacants et 1 800 agents étaient à reclasser. Neuf antennes emploi locales les ont accueillis ; 45 cadres de la Banque ont été mis à disposition pour gérer le processus d'affectation, dont le critère prioritaire était la proximité géographique. Les agents devaient proposer cinq choix. Rien n'était imposé. Et ils étaient classés par ordre prioritaire. « On a recherché l'objectivité, assure Alain Thomas. Une grille avec des points prenant en compte la situation personnelle et la formation a spécialement été mise en place. »

Pour optimiser les décisions, le cabinet BPI a fourni les outils de traitement informatique. Résultat, selon BPI : 90 % des agents ont obtenu le poste correspondant à leur premier choix. Totale satisfaction ? « Non, moyenne, indique Patricia Millepied, déléguée CFDT, car les indemnités mobilité ont été généreuses pour ceux qui ont déménagé ; pour les autres, les remboursements de frais de déplacement sont limités à deux ans, ce qui fait qu'ils ne voient pas la contrepartie de leur peine. » En effet, 50 % des agents n'ont pas changé de région.

Reconversion anticipée

En revanche, personne ne conteste l'effort de la Banque pour accompagner la mobilité professionnelle. « Privilégier le choix géographique impliquait un décalage des compétences, détaille Alain Thomas. D'une activité comptable, un agent pouvait passer à l'analyse de bilans d'entreprise. On est resté dans les mêmes catégories, mais il a fallu reconvertir. » Exemple : un gros tiers des agents de caisse ont évolué vers des emplois de bureau. « Plus de 6 % de notre masse salariale, indique Alain Thomas, est dédiée au budget formation. »

C'est ainsi que les unités de départ ont pu anticiper la mobilité fonctionnelle en formant, pour une part, à leur nouveau métier, leurs salariés dès les mutations connues. De cette façon, la Banque a assuré leur avenir. « Selon nous, syndicats, souligne la CFDT, l'avenir ne peut être consolidé sans des formations de développement personnel, que nous défendons auprès de la direction. »

Culture interne

Cette réussite du plan de mobilité augure en faveur de la mobilité à la Banque. « L'expérience nous a permis de faire évoluer la culture interne, estime Alain Thomas. Les salariés ont vécu le brassage, cela a permis de surmonter les craintes face aux changements, ce qui nous positionne bien pour suivre le rythme des évolutions qui se font jour. » Notamment pour négocier la GPEC dans les mois qui viennent.

Plus d'un an de négociations pour réformer les retraites

Il aurait fallu quinze réunions entre la direction de la Banque et les représentants du personnel pour obtenir le consensus sur la révision du régime des retraites des 13 000 agents de la Banque de France.

Six organisations syndicales sur sept ont signé l'accord. Seule la CGT a refusé de le parapher.

En contrepartie de fortes garanties apportées à la pérennité du système, la réforme allonge progressivement, à partir du 1er avril 2007, la durée de cotisations de 37,5 ans à 40 ans en 2011 et 41 ans en 2013.

Auteur

  • P. S.