Sur les 120 000 salariés d'Axa, 20 000 sont managers. Parmi eux, 90 % sont passés par une formation comportant des activités ludiques. « Le jeu est présent dans tous nos programmes, raconte Laurent Criou, directeur adjoint au service formation du groupe, parce qu'il sert à briser la glace entre collaborateurs.

Chez Axa, la culture maison, c'est la collaboration. Clairement, l'individualisme impacte défavorablement la carrière d'un manager. » Cela s'explique par l'histoire d'Axa qui, entre 1990 et 2003, de petite mutuelle de Normandie est devenu leader mondial de la protection financière.

La cohésion est vitale pour ce groupe décentralisé en quarante entités géographiques, qui juxtapose plusieurs métiers (assurance vie, assurance dommages, santé, gestion d'actifs, banque). Le jeu a été l'un des outils d'intégration. Mais, aujourd'hui, Axa n'en est plus à s'agrandir mais à se concentrer sur sa construction interne. Aussi, les valeurs managériales ont changé. « Pendant toute la période d'expansion, détaille Laurent Criou, fixer les objectifs des collaborateurs, déléguer, développer l'esprit d'équipe, célébrer les victoires ont été les comportements désirés chez Axa. Aujourd'hui, travailler en transversal, s'orienter vers le client, accroître la performance, bâtir son organisation est le modèle de compétences. »

De nouveaux types de programmes ont ainsi été mis en place. « Les défis de nos métiers que sont le marketing, la gestion des risques, la gestion du changement, la qualité du service, ont pris le pas sur tous les autres objectifs. » Le jeu, lui, est resté, mais il a évolué. Le jeu de la chaise, où les protagonistes disposaient de tous les outils pour modeler des mini-chaises et avaient pour objectif de répondre aux besoins de clients fictifs, est passé de mode. « C'était bien pour voir ce qui marchait ou pas dans le relationnel entre collègues, et nous continuons à travailler cet aspect », analyse Laurent Criou.

Aujourd'hui, on joue chez Axa à des jeux de rôles où chacun participe à des scènes figurant un contexte professionnel et à des jeux de logique où des équipes doivent se mettre d'accord sur des organisations de projets. « L'époque est moins légère, constate Laurent Criou. Les budgets formation sont plus restreints, ils doivent permettre un retour sur investissement direct, la formation doit être, désormais, un élément moteur dans la croissance du business. »

Le jeu, lui, a sauvé sa mise. Dans le budget formation pour les dirigeants du groupe, qui s'élève à 10 millions d'euros, sa part est de 2 000 euros par formation. « On s'est aperçu que tous ceux qui ont participé au jeu de la chaise se souviennent des personnes avec lesquelles ils ont joué et des valeurs qui leur ont été communiquées », précise Laurent Criou. Axa joue toujours, mais rit moins.