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Mesures a minima sur l'emploi et les revenus

L'actualité | publié le : 19.12.2006 | Anne Bariet

Jeunes, femmes, salariés au Smic... Les mesures destinées à ce public, annoncées par le gouvernement, lors de la Conférence sur l'emploi et les revenus, le 14 décembre, n'ont pas convaincu les syndicats présents.

Apremière vue, toutes les composantes étaient réunies pour afficher un retour vers un dialogue social de qualité. En convoquant, le 14 décembre, les partenaires sociaux à la Conférence sur l'emploi et les revenus, le gouvernement souhaitait tirer les leçons de la crise du CPE, et renouer le fil de la discussion avec des syndicats plutôt médusés par les méthodes Villepin. Pas moins de quatre ministres, Jean-Louis Borloo (Cohésion sociale), Gérard Larcher (Emploi), Thierry Breton (Economie) et Catherine Vautrin (Parité) étaient présents au Conseil d'analyse stratégique, pour animer les ateliers portant, l'un sur l'emploi et les salariés, l'autre sur le pouvoir d'achat et le logement. Mais la tactique a, une nouvelle fois, échoué.

Propositions jugées insuffisantes

Les syndicats ont dénoncé la « mise en scène » des mesures annoncées avant même le début de la conférence et « l'opération de communication » de Matignon. « Les propositions sont insuffisantes et en total décalage avec les besoins exprimés depuis plusieurs semaines », a tempêté François Chérèque (CFDT). Jacques Voisin (CFTC) a fustigé, lui aussi, ce dialogue de sourds : « C'était un état des lieux, mais on ne voyait pas la même chose. » « Tout ça pour ça », a commenté, de son côté, Jean-Claude Mailly (FO). Furieux, Bernard Thibault (CGT) a, pour sa part, renoncé a faire comprendre au gouvernement « ce qu'est le dialogue social ». Seul le Medef s'est déclaré satisfait, « puisque aucune nouvelle charge ne vient peser sur les entreprises ».

17 % de «smicards»

De fait, peu de nouveautés. Sur le pouvoir d'achat, Dominique de Villepin souhaite que la hausse du Smic soit, à l'avenir, connue plusieurs mois avant sa date d'application, afin que les négociations salariales puissent aboutir avant cette revalorisation. « A terme, notre objectif commun, c'est zéro branche en dessous du Smic. » Il reconnaît un nombre croissant de «smicards» : « Ils étaient 10 % il y a une dizaine d'années, ils sont près de 17 % aujourd'hui. » Il propose également de créer un nouvel indice des prix à la consommation, retraçant mieux les dépenses des ménages (téléphone, énergie...).

Au chapitre de l'emploi, il a promis des plates-formes de vocation pour 1 280 000 jeunes et la création d'une bourse de stages. Les personnes les plus exposées au travail précaire (80 % de femmes) devraient avoir un accès prioritaire à la VAE, et des crèches d'entreprise pourraient être installées dans les grandes surfaces, pour faciliter la vie de ces salariés, travaillant le plus souvent en horaire décalé ou à temps partiel. Un crédit d'impôt (de 50 % des dépenses, plafonné à 12 000 euros par an) pour les ménages non imposables ayant recours à des services à la personne et une « garantie des risques locatifs » pour tous devraient voir le jour.

Chantiers à venir

Reconnaissant qu'il n'avait pas « réglé » tous les problèmes », le Premier ministre souhaite poursuivre les discussions. Il a proposé un « certain nombre de chantiers » à ouvrir dès les prochaines semaines. Et, pour ce faire, il a décidé d'impliquer plusieurs experts. C'est ainsi que le Conseil d'orientation de l'emploi s'est vu confier un rapport sur le coût du travail et les allègements de cotisations patronales pour le 31 mars.

Les partenaires sociaux sont aussi mis à contribution pour élaborer un document d'orientation sur l'accès à la couverture complémentaire santé, notamment destiné aux salariés des PME, pour le 30 janvier. Enfin, le Conseil d'analyse économique devrait, lui, élaborer un rapport sur le temps de travail et le coût des heures supplémentaires. Mais, pour quelle application ?

A quelques mois de l'élection présidentielle, le Premier ministre saisit l'occasion de ces futurs rendez-vous pour occuper le terrain du social. La messe est dite, mais les problèmes demeurent.

Auteur

  • Anne Bariet