En septembre 2006, les salariés d'Air France ont reçu en moyenne 700 euros de primes au titre de l'intéressement 2005. Un montant qui, faute d'accord ou de résultats suffisants, n'avait pas été atteint dans l'entreprise depuis plus de vingt ans. En raison des difficultés économiques du transport aérien après 2001, l'accord précédent, signé en 2002, avait ainsi généré des primes inférieures à 100 euros, voire nulles. « En versant pendant trois ans ces montants extrêmement faibles, nous avons disqualifié la politique d'intéressement, explique Marie-Laurence Nail, en charge de l'épargne salariale à la DRH. En signant le nouvel accord en 2005, notre objectif était de trouver un mécanisme qui permette de récompenser l'implication et les performances des salariés sans se limiter aux seuls résultats financiers. »

Car des objectifs fondés sur des indicateurs non financiers existent déjà chez Air France : au nombre de quatre, ils concernent les domaines de la productivité, de la qualité, de la ponctualité et de la sécurité. Mais, selon la formule de calcul qui prévaut alors, ces indicateurs sont «bonifiants», c'est-à-dire qu'ils ne sont pris en compte qu'à partir d'un certain seuil lié aux résultats financiers.

Nouveauté de l'accord du 1er août 2005 : dans la limite d'un plafond fixé à 10 millions d'euros, ces indicateurs de performance peuvent désormais générer de l'intéressement, indépendamment de tout autre critère. Des dispositions rendues finalement superflues pour ce premier exercice : le 31 mars 2006, Air France-KLM affiche une hausse de 69 % de son résultat d'exploitation. Au titre de l'intéressement 2005, la somme, inhabituelle pour le groupe, de 43,4 millions d'euros - 9,3 millions liés aux indicateurs non financiers - aura donc été versée.

Les critères de répartition ont aussi été revus. « En raison d'une échelle des salaires très large chez Air France, due à la rémunération des personnels navigants techniques (PNT), la question de la répartition est sensible, souligne Didier Olivrot, délégué CFE-CGC. Il fallait trouver quelque chose d'équitable, en particulier lorsque les montants de l'intéressement sont faibles. » Résultat : jusqu'à 30 millions d'euros, l'intéressement est réparti de façon uniforme au prorata du temps de présence. Au-delà, il est versé proportionnellement au salaire. Sur les 43,4 millions d'euros versés cette année, 30 millions ont donc été répartis en fonction du temps de présence ; 10,9 en fonction du salaire. Les primes d'intéressement s'échelonnent en moyenne de 705 euros pour le personnel au sol à 1 222 euros pour les PNT, et les 2,5 millions d'euros restants constituent une enveloppe destinée au personnel d'Air France sous contrat local à l'étranger.

Dans ce contexte de résultats en forte croissance, Air France a également innové du point de vue de la participation aux bénéfices. En raison de l'ampleur de la dette fiscale accumulée par la société, la participation était également au point mort depuis vingt ans, bénéfices ou non. Le 29 septembre dernier, a donc été signé un nouvel accord fondé, cette fois, sur une formule dérogatoire appréciant la performance de l'entreprise à partir du résultat net corrigé. Les premiers montants liés à ce nouveau calcul seront versés le 31 mai 2007. Selon les prévisions de la DRH, ils devraient être «significatifs».

> Activité : transport aérien.

> Effectifs : 71 600 salariés.

> Chiffre d'affaires : 21,4 milliards d'euros.