E & C : Les Cifre (conventions industrielles de formation par la recherche) ont 25 ans. Quel bilan l'ANRT (Association nationale de la recherche technique) dresse-t-elle de ce dispositif qu'elle gère ?

C. B. : Depuis leur création, en 1981, les bourses Cifre ont permis à près de 15 000 doctorants d'effectuer leur thèse au sein d'une entreprise pendant trois ans, en relation avec un laboratoire extérieur public. En 2006, nous prévoyons 1 200 nouvelles attributions, soit une hausse de 10 % par rapport à 2005.

E & C : Dans quelle mesure les Cifre facilitent-elles l'insertion professionnelle des jeunes chercheurs ?

C. B. : 40 % des boursiers Cifre sont embauchés dans l'entreprise où ils ont effectué leur thèse et quasiment autant, soit 38 %, dans une autre entreprise du secteur privé ; 12 % trouvent un poste dans la recherche publique. Ainsi, au total, 90 % des jeunes chercheurs sont recrutés à l'issue de leur thèse. Mais on constate aussi que la thèse Cifre est considérée comme un label qui permet au bénéficiaire de faire jouer la concurrence entre plusieurs employeurs potentiels et de faire monter les enchères salariales.

E & C : Quel est l'impact du passage par une Cifre sur l'évolution professionnelle des doctorants ? Et quel est l'avenir des Cifre ?

C. B. : Nos études ont montré que, pour leur premier poste, 80 % d'entre eux restent dans le domaine de la recherche et, dans une moindre mesure, des études techniques. Dix ans après, nous constatons que certains ont quitté la recherche et obtenu des postes d'encadrement d'équipe. C'était l'un des objectifs visés lors de la création des Cifre : former par la recherche les dirigeants de demain. Ainsi, le premier doctorant ayant eu une bourse Cifre est, aujourd'hui, directeur d'une usine du groupe Lafarge. Le 15e est le Pdg de Bull. Mais il est vrai que peu d'entre eux parviennent encore au top management. A l'avenir, la démarche pôles de compétitivité va, sans doute, contribuer à diffuser un peu plus les Cifre, surtout, nous l'espérons, dans les PME.

PROPOS RECUEILLIS PAR MARIE-PIERRE VEGA