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Enquête

« Les entreprises ne savent pas faire de prévention durable »

Enquête | ENTRETIEN AVEC | publié le : 05.12.2006 | J.-F. R.

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« Les entreprises ne savent pas faire de prévention durable »

Crédit photo J.-F. R.

E & C : Les entreprises ont-elles davantage pris conscience du risque TMS ?

Y. R. : Pour celles qui développent un projet social, il est clair que la prise de conscience sur le risque TMS existe. En outre, les entreprises où le patron est aussi l'actionnaire principal s'investissent dans la prévention avec plus de conviction. Il y a, d'une manière générale, moins de déni sur les TMS car la connaissance sur ces maladies s'est améliorée. A ce titre, il est important que le Plan santé au travail du gouvernement se soit engagé vers cette réduction de 20 % des TMS à l'horizon 2009.

Peu importe, finalement, que cet objectif ambitieux soit atteint. Ce qui compte, c'est de fixer un cap et de transformer ce sujet de santé en un enjeu mobilisateur pour la communauté des préventeurs.

E & C : Comment mobiliser les entreprises ?

Y. R. : Les TMS sont générés par la façon de produire et ils contribuent à perturber la productivité. C'est à l'évidence un élément de mobilisation naturelle pour les entreprises. La prévention des TMS doit être un projet de direction et de DRH, c'est la condition sine qua non de la réussite.

A côté des facteurs biomécaniques bien identifiés, il y a un autre facteur capital sur lequel les entreprises peuvent agir : c'est l'absence de coopération entre les lignes hiérarchiques, ce que certains experts appellent le soutien social. Nous assistons à une fragilisation des collectifs de travail. Dans certains secteurs comme le BTP, cette coopération, qui n'a pas encore disparu, permet aux salariés de tenir le coup.

E & C : Vous semblez regarder le modèle américain avec intérêt...

Y. R. : Toutes proportions gardées avec la situation française, ce qui se passe aux États-Unis autour des TMS est très intéressant. Nous avons assisté à une coordination de tous les acteurs sur ce sujet. Dans ce pays, les conditions de travail sont devenues un enjeu de performance au même titre que la qualité.

Vous trouvez sur Internet des comparaisons sur les taux d'accidents du travail et de maladies professionnelles. Autrement dit, dans une période de plein emploi, les salariés partent à la concurrence dès qu'il y a un relâchement sur les conditions de travail. Le problème essentiel que nous connaissons, en France, c'est notre incapacité à faire de la prévention durable.

Auteur

  • J.-F. R.