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Les Pratiques

Une révolution culturelle orchestrée en douceur

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 28.11.2006 | Céline Lacourcelle

En 2001, la Compagnie nationale du Rhône (CNR) devient indépendante. Un changement de modèle économique s'opère alors, la conduisant à de vastes chantiers RH : intégration d'agents EDF, recrutement, formation et charte sociale.

Depuis 1933, la Compagnie nationale du Rhône, société publique concessionnaire du Rhône, était liée à EDF. Mais, en 2001, l'Europe décide de mettre fin au monopole dans le domaine de l'énergie. Il faut couper les liens et devenir une société indépendante. Toujours société anonyme d'intérêt général à capital majoritairement public, la CNR conserve ses missions historiques de production d'électricité, de développement de la navigation, et d'irrigation. Simplement, en devenant producteur indépendant, elle doit désormais commercialiser sa production.

« D'entreprise d'ingénierie fluviale, nous devenions une entreprise industrielle », commente Frédérique Grange, en charge du développement des ressources humaines. Ce qui n'a pas été sans provoquer de nombreux changements internes. Durant les quatre ans qui suivent, l'entreprise se réorganise : création de quatre directions régionales, mise en place d'une salle de marché, développement d'une force de vente... Le tout en cohérence avec le plan stratégique d'entreprise pour la période 2002-2006, soumis au préalable au personnel. En effet, « entre quinze et vingt réunions ont été organisées un peu partout dans l'entreprise pour laisser les collaborateurs s'exprimer sur ce projet », se souvient Frédérique Grange. C'est seulement après cette consultation que la direction élabore la version définitive de ce qui deviendra le carnet de route de la compagnie.

Dans un second temps, et dans l'optique d'un rééquilibrage de sa pyramide des âges, l'entreprise procède, entre 2001 et 2003, à des mesures de cessation anticipée d'activité pour les salariés de 53 ans, sur la base du volontariat, dès lors qu'ils cumulent vingt ans de service actif.

Eviter les ruptures sociales

Quelques années plus tard, en 2005, la direction - le président et les deux directeurs généraux - investit le terrain. Son but est double : à la fois rassurer le personnel sur ces changements, et accompagner les négociations relatives à un prochain accord de détachement. « Le contrat global d'exploitation, commun à EDF et à la CNR, prenant fin, il fallait organiser les conditions de détachement des agents d'EDF vers la CNR », explique la chargée des RH. En la matière, les discussions sont rondement menées. Lancé en mai 2005, l'accord est signé en septembre suivant. Pour cela, des groupes de travail ont été mis en place par grandes thématiques : rémunération, formation, représentation syndicale... « A chaque fois, nous avons fait en sorte que le détachement n'entraîne pas de rupture sociale », précise Frédérique Grange. La direction a, par exemple, choisi d'intégrer chez elle certaines modalités plus souples de l'accord EDF sur la réduction du temps de travail. Mais, globalement, les différences ne sont pas fondamentales puisque les deux entreprises bénéficient du même statut.

Formation interne aux métiers

Au total, 440 agents EDF étaient concernés ; 307 ont répondu présents et sont devenus salariés de la compagnie, bénéficiant d'un droit de retour à vie. « Les autres ont fait le choix d'un redéploiement dans EDF », signale la chargée des RH. Même si 70 % des personnels ont été transférés, il a fallu pallier les défections. L'entreprise a donc procédé à de nombreux recrutements. Autant de nouvelles recrues qu'il a fallu former. « La CNR a, depuis toujours, une longue tradition de formation interne au métier. Nous avons ainsi choisi de n'externaliser que les formations tertiaires », explique Frédérique Grange. L'effort a été important, puisqu'en 2005, le plan formation comptait 18 000 heures, réalisées à 80 %, contre 31 000 heures en 2006. « Nous dépasserons sans doute les 35 000 heures », ajoute-t-elle. Aujourd'hui, la CNR compte 1 200 salariés, contre 780 en 2004.

Transfert de savoir-faire

Reste, aujourd'hui, à la compagnie, à honorer les engagements pris dans sa charte sociale, publiée après l'accord de 2005, à savoir le transfert de savoir-faire entre jeunes et seniors via l'alternance. « Nous avons accueilli, en 2006, quinze apprentis ainsi qu'une cinquantaine de stagiaires », énonce Frédérique Grange. Egalement au programme des prochains mois : plusieurs accords sur l'insertion des personnes handicapées, sur l'égalité hommes/femmes, sur la formation, ainsi que la réalisation d'un nouveau répertoire des métiers, doublé de la mise en place de parcours de formation qualifiants et professionnalisants sur la base, entre autres, de la VAE.

CNR

> Effectifs : 1 200 salariés sous le statut des industries électriques et gazières.

> Chiffre d'affaires 2005 : 458,6 millions d'euros (hors achat/revente d'électricité).

> Implantations : la CNR gère 19 barrages, 19 centrales hydroélectriques et 14 écluses à grand gabarit sur le Rhône.

> Capital au 31 décembre 2005 : Electrabel (Suez), 49,97 %. Caisse des dépôts et consignations, 29,43 %. Collectivités locales, 20,60 %.

> Production d'électricité en 2005 : 12,5 milliards de kWh

Chronologie

27 mai 1921 : loi d'aménagement du Rhône

1933 : création de la CNR

1946 : nationalisation de l'électricité et création d'EDF

1948 : mise en place d'un dispositif conventionnel entre la CNR et EDF pour l'exploitation des centrales situées sur le Rhône

10 février 2000 : loi sur la modernisation et le développement du service public de l'électricité. La CNR devient propriétaire de ses aménagements et de sa production.

Auteur

  • Céline Lacourcelle