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L'actualité

1 CV sur 10 subit un traitement discriminant

L'actualité | publié le : 28.11.2006 | Emmanuel Franck

Le premier baromètre national sur la discrimination à l'embauche fait apparaître que l'âge et l'origine sont les premières causes de discrimination.

Adia a rendu publics, le 21 novembre, les résultats du premier testing, d'ampleur nationale, des candidatures à l'embauche. Réalisé en collaboration avec l'Observatoire des discriminations, dirigé par Jean-François Amadieu, professeur à Paris-1, le baromètre compare les traitements de 6 461 CV envoyés en réponse à 1 340 offres d'emploi émises, sur un an, par des entreprises du secteur privé. A chaque fois, le traitement (convocation ou non à un entretien) d'un candidat de référence (homme de 28 à 30 ans, identifiable comme français de souche par son nom) a été comparé à celui de candidats-tests. Ces derniers étant susceptibles d'être discriminés du fait de leur âge, de leur sexe, de leur origine, d'un handicap ou de leur apparence. Si le candidat de référence est convoqué à un entretien mais pas le candidat-test, on en conclut qu'il y a eu discrimination.

Le testing pour preuve

Il en ressort qu'une candidature sur dix est victime d'une discrimination avérée, pouvant donner lieu à des poursuites judiciaires. Le testing est, depuis la loi sur l'égalité des chances du 31 mars 2006, considéré comme un moyen de preuve. La première cause de discrimination est l'âge : un candidat âgé de 48 ou 50 ans reçoit trois fois moins de convocations que le candidat de référence. C'est d'autant plus vrai lorsqu'il postule dans une entreprise de plus de 200 salariés (neuf fois moins de convocations), ou à un poste de cadre (sept fois moins de convocations). L'origine est la deuxième cause de discrimination. Un candidat d'origine maghrébine a 2,7 fois moins de chances d'être reçu à un entretien que le candidat de référence. Lorsqu'il postule pour être cadre, il obtient six fois moins de réponses positives. « Le diplôme ne protège pas », relève Jean-Francois Amadieu. Ni la pénurie de compétences : même sur des emplois très recherchés, la discrimination reste très forte.

Handicap mieux accepté

Le candidat handicapé aura 1,8 fois moins de chances d'être reçu. Contrairement aux autres candidats-tests, il est le seul dont la situation se soit améliorée depuis l'étude menée par l'Observatoire en 2004. « Ce résultat peut trouver son explication dans l'application de la loi du 11 février 2005 durcissant la contribution volontaire versée par les entreprises à l'Agefiph », avancent les auteurs. Une femme de 32 ans avec trois enfants aura 1,5 fois moins de chances d'être reçue. Quant au candidat disgracieux, il aura 1,4 fois moins de chances.

A l'issue du testing, les auteurs notent que 137 hommes de 48 ou 50 ans auraient pu porter plainte ; de même que 132 hommes maghrébins ; 122 personnes handicapées et 109 femmes. Jean-François Amadieu précise que ce baromètre est destiné à devenir un «point zéro», qui permettra de mesurer les progrès dans la lutte contre la discrimination. Le prochain est prévu dans deux ans.

Auteur

  • Emmanuel Franck