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Le Cerc dénonce l'emploi instable

L'actualité | publié le : 21.11.2006 | Anne Bariet

Jacques Delors, président du Cerc (Conseil de l'emploi, des revenus et de la cohésion sociale), a remis son rapport sur l'emploi et le pouvoir d'achat, commandé par Dominique de Villepin.

Les travaux préparatoires commencent. C'est le 14 décembre que se tiendra la Conférence sur l'emploi et les revenus. Pour la préparer, Jean-Louis Borloo et Gérard Larcher ont un document de travail volumineux, le rapport du Cerc, intitulé «La France en transition 1993-2005», remis le 17 novembre au Premier ministre, Dominique de Villepin. Une contribution qui devrait s'avérer utile. Car le rapport met en lumière l'instabilité de l'emploi, principale source des inégalités de revenus. « Le problème de l'instabilité de l'emploi creuse de fait les inégalités de revenus beaucoup plus que les taux de rémunération », a déclaré Michel Dollé, rapporteur général du Cerc, en référence aux carrières heurtées de certaines personnes, qui alternent contrats courts, intérim et chômage.

Entreprises critiquées

Pour les experts, l'instabilité de l'emploi n'est pas uniquement due à la destruction des emplois. La faute vient également des entreprises qui pratiquent « insuffisamment la mobilité interne pour faire face aux aléas saisonniers ». « La mobilité interne nécessite des investissements à la fois organisationnels (annualisation de la durée du travail...) et de gestion prévisionnelle des ressources humaines et de la formation. » Du coup, elles multiplient les contrats temporaires pour ajuster leur main-d'oeuvre. Selon le rapport, l'insécurité de l'emploi est presque deux fois plus élevée pour les non-qualifiés (11 %) que pour les qualifiés (6,6 %). « Sans que l'on puisse parler d'un réel dualisme du marché du travail, des tendances de fractionnement sont à l'oeuvre. La mobilité assez élevée de l'emploi est largement la résultante d'une grande instabilité, d'ailleurs croissante, pour les jeunes et les peu-qualifiés. »

Clivages sociaux

Autres thèmes à aborder, selon Jacques Delors : les minima sociaux (RMI, ASS...) et vieillesse et les « gens qui vivent dans des quartiers difficiles ». « On ne peut pas encore parler de deux France, mais l'espace joue un rôle dans les clivages sociaux. » Si le rapport a surtout pour but de faire un état des lieux, il contient quand même des recommandations, parmi lesquelles : l'ouverture sans délai d'un chantier d'intérêt national, par l'Etat et les partenaires sociaux, pour les quelque 190 000 jeunes qui sortent chaque année de l'école ou de l'université « sans diplôme ». « Ils n'ont pas les moyens de se défendre sur le marché du travail », a expliqué Jacques Delors, qui s'est dit personnellement « indigné par la situation des jeunes ».

De plus, selon le rapport, « la formation en cours de vie active ne permet pas, sauf exceptions, de corriger les inégalités liées à la formation initiale ». La reprise d'études est rare, et, surtout, la formation professionnelle, qu'elle s'adresse aux salariés en emploi ou aux chômeurs, concerne davantage les personnes ayant reçu une bonne formation initiale.

Auteur

  • Anne Bariet