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Enquête

« Redéployer des moyens financiers et des dispositifs autour du CIF »

Enquête | publié le : 21.11.2006 | L. G.

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« Redéployer des moyens financiers et des dispositifs autour du CIF »

Crédit photo L. G.

Le rapport Cahuc/Zylberberg pointe des dysfonctionnements déjà dénoncés dans le rapport de Virville de 1995. Les propositions exprimées par les deux chercheurs sont radicales et me semblent exagérées, même si elles partent de constats objectifs.

Oui, le DIF a du mal à prendre dans les PME, mais on est encore, dans une majorité d'entreprises, dans une phase de capitalisation des heures. La question de sa suppression ne se pose pas encore.

Oui, le système est anti-redistributif : les mieux formés en profitent le plus. C'est aussi très souvent le cas dans les autres pays de l'OCDE.

Oui, les effets de la formation sont «aléatoires » ; posant en cela la question récurrente de l'évaluation. Comment peut-on être sûr à 100 % des effets de la formation ? Ils ne se font pas sentir au même moment selon les individus.

S'il est vrai que le système de formation continue est flou, complexe, voire opaque, il faut aussi reconnaître qu'on lui a beaucoup demandé et, notamment, de jouer les pompiers socio-économiques : chômage de masse, reconversions industrielles, promotion sociale... Les dispositifs ont été conçus davantage dans une logique curative que préventive. On en est donc arrivé à construire un édifice sans en penser l'architecture globale.

Si l'on veut améliorer le système, il faut, dans un premier temps, utiliser à plein les dispositifs existants, notamment le congé individuel de formation, et les articuler ensemble. Même si le nombre de CIF augmente depuis 1984, il reste insuffisant : environ 30 000 par an, alors qu'il en faudrait au moins 100 000. Là réside l'objectif d'une vraie réforme. On sait que le CIF marche bien : il permet de véritables reconversions ou requalifications, des réorientations réussies. Il permet la réalisation de vrais projets professionnels.

Chaque salarié devrait pouvoir bénéficier d'un CIF durant ses quarante années de carrière avec une priorité pour les moins qualifiés. Les pays nordiques ont bien compris que les formations longues étaient les plus à même de répondre aux besoins et aux évolutions socio-économiques. Cinq millions de personnes se forment en France, mais, pour une majorité, ce sont des formations courtes et adaptatives. Celles-ci ne donnent pas assez de place à la réflexion, à la distance. Depuis les années 1980, on observe une augmentation de ce type de formation utilitariste visant le court terme. On sait que, dans une société en mutation permanente, c'est la culture générale qui permet le mieux l'adaptation et la créativité.

Associons la VAE et le DIF au CIF

Pour financer de manière équitable un dispositif long de formation, il serait envisageable de généraliser la validation des acquis de l'expérience et de la coupler au DIF existant, de façon à déterminer un capital horaire de droit à la formation selon le niveau de sortie du système de formation initiale et l'âge du salarié : un jeune bac +5 capitaliserait très peu durant les cinq premières années d'activité professionnelle, alors qu'un jeune sans qualification se verrait attribuer 30 ou 40 heures par an. Associer la VAE et le DIF au CIF permettrait également de réduire les volumes de formation et donc les coûts. Un redéploiement des moyens financiers et des dispositifs autour du CIF permettrait, enfin, de donner une consistance au slogan d'éducation et de formation tout au long de la vie.

Auteur

  • L. G.