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Les Pratiques

Peu d'ex-Lustucru ont profité de la revitalisation

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 14.11.2006 | Marie-Pierre Vega

Panzani avait décidé de fermer l'usine Lustucru-Riz à Arles après son inondation en décembre 2003. Une partie des salariés, qui avaient occupé le site et espéré reprendre l'activité en scop, sont dans une situation précaire. Panzani, lui, a rempli son obligation de revitalisation.

Sur le bassin d'Arles, la crue du Rhône, en décembre 2003, sinistre près de 900 entreprises et quelque 7 000 personnes : 80 % de la zone industrielle où se trouve l'usine Lustucru-Riz, propriété du groupe Panzani depuis un an et demi, est inondée. Les salariés de la rizerie se mobilisent pour remettre le site en état. La direction est rassurante. Puis, le CE du 26 mars 2004 lève les doutes, brutalement : Lustucru-Riz ne sera pas réhabilité.

L'usine va fermer. Les salariés entament l'occupation des lieux. En décembre 2004, ils dévoilent leur plan de reprise de l'activité en scop (société ouvrière coopérative de production), qui pourrait employer 90 personnes, sur un effectif initial de 146. Une partie du financement de ce projet repose sur l'indemnité que les assurances doivent verser à Panzani. Mais le groupe, alors détenu par Paribas Affaires industrielles, veut consacrer l'enveloppe au financement du plan social, entériné par la cour d'appel d'Aix-en-Provence en mai 2005.

Aujourd'hui, les marques de riz Taureau Ailé et Lustucru appartiennent à l'espagnol Ebro Puleva, qui a racheté Panzani. Tous les ex-Lustucru n'ont pas été reclassés. Le plan social s'est pourtant terminé fin 2005, avec la fermeture de l'antenne emploi animée par le cabinet Evolutis.

Selon Michel Peudevin, directeur des opérations du groupe Panzani, 600 offres d'emploi ont été proposées par la cellule de reclassement et 95 salariés ont trouvé une solution : « 50 personnes ont été reclassées en moins de six mois, dont 11 ont accepté une mutation dans le groupe, à Marseille et à Lyon, sur les 72 postes que nous avions proposés en interne. Les 96 autres ont bénéficié d'un congé de reclassement de six mois, porté à neuf mois pour les plus de 50 ans. Parmi eux, 40 personnes se sont engagées dans une recherche d'emploi active, qui s'est soldée par un CDI, un CDD ou une formation qualifiante de longue durée. Il y a eu aussi 6 mesures d'âge. »

Contestation du plan social

Riz d'ici, l'association montée par une partie des ex-Lustucru, a une autre lecture des chiffres : « 89 des 146 ex-salariés de l'usine sont sans emploi fixe. Ils alternent chômage et intérim », affirme l'un d'eux, Serge Bonutti, ancien représentant du personnel. Plusieurs d'entre eux, soutenus par la CGT, poursuivent leurs démêlés avec l'ancienne direction. Les ex-Lustucru demandent à la Cour de cassation d'annuler la décision de la cour d'appel d'Aix qui, en mai 2005, avait entériné le plan social. Par ailleurs, ils contestent devant les prud'hommes d'Arles le motif du licenciement pour 70 d'entre eux.

De son côté, la mairie d'Arles engage la reconversion de l'usine que Panzani lui a officiellement cédée devant notaire, en juillet dernier, pour un euro symbolique. « Le site s'étale sur 6,5 hectares, dont 22 000 m2 de bâtiments qui seront découpés en plusieurs volumes. Une première tranche de travaux sera terminée à l'été 2007. Sefmi, une entreprise de métallurgie arlésienne, s'y installera avec ses 25 salariés et une perspective de 15 créations d'emploi ; 30 PME de 2 à 15 salariés, oeuvrant dans le BTP, les services, la blanchisserie industrielle, la santé ou encore le gardiennage, sont candidates à l'implantation », indique Philippe Pouliquen, directeur du développement et de l'aménagement du territoire à la mairie.

297 emplois nouveaux

Le coût de la première tranche, de 700 000 euros, est cofinancé par le fonds de revitalisation Panzani. Mis en place au titre des obligations légales du groupe, ce fonds est doté au total de 3,8 millions d'euros et administré par Sodie. Il sera définitivement clôturé à la fin de l'année. L'objectif de création de 146 emplois est largement dépassé : « 297 emplois nouveaux dans 33 entreprises ont été aidés via des subventions à la création d'emploi et des prêts participatifs de développement », précise Jean-Luc Salasca, en charge du dossier chez Sodie. On trouve, parmi eux, 21 ex-Lustucru, dont 6 ont créé leur propre emploi.

Panzani continue de réduireses effectifs dans le Sud-Est

Après avoir procédé aux fermetures du siège marseillais de Rivoire et Carret-Lustucru (RCL) et de l'unité de production de La Pomme, en 2002 (185 salariés), puis de l'usine de Lustucru-Riz en Arles, en 2005, Panzani continue à réduire ses effectifs dans le Sud-Est.

Le groupe supprime 64 postes dans l'usine marseillaise de La Montre. Il vient de boucler la négociation du plan social ; 30 personnes pourront être indemnisées par les Assedic dans le cadre du dispositif de dispense de recherche d'emploi réservé aux 57 ans et plus ; 62 postes seront proposés en reclassement interne, dont 16 en région parisienne ; 29 en région lyonnaise ; et 17 à la semoulerie de Bellevue, à Marseille et, à l'usine Ferrico, à Vitrolles.

La CGT, inquiète pour l'avenir des 159 salariés restants, a demandé au préfet d'organiser une table ronde.

Auteur

  • Marie-Pierre Vega