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La gestion des RH et la santé au travail en berne

L'actualité | L'événement | publié le : 14.11.2006 | Jean-François Rio

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La gestion des RH et la santé au travail en berne

Crédit photo Jean-François Rio

Satisfaits de leurs conditions de travail, les salariés européens pâtissent cependant d'un manque de GRH, tandis qu'ils sont plus d'un tiers à considérer que leur santé est «menacée» par leur travail. Tels sont les principaux enseignements de la 4e enquête de la Fondation de Dublin sur les conditions de travail en Europe.

Comment va le travail ? Tous les cinq ans depuis 1991, la Fondation de Dublin nous envoie une photographie des conditions de travail en Europe. Les thèmes abordés sont vastes (temps de travail, santé et sécurité, organisation du travail...), tout autant que le panel étudié.

L'enquête 2005, dont les premiers résultats ont été dévoilés le 7 novembre dernier, à Bruxelles, devant des partenaires sociaux et des représentants de la Commission européenne, ne déroge pas à la règle puisque la Fondation a sondé 30 000 salariés issus de 31 pays (1).

En attendant les conclusions définitives de cette étude, prévues pour février 2007, cette investigation permet de dégager quelques tendances significatives. A commencer par le sentiment de satisfaction professionnelle. Et, à première vue, les salariés européens sont largement satisfaits, voire très satisfaits, de leurs conditions de travail. C'est le cas pour 82 % d'entre eux. Seuls ceux travaillant plus de 48 heures par semaine (15 % des personnes interrogées) expriment une réelle insatisfaction.

Rythme d'activité

L'organisation du travail paraît, elle aussi, emporter l'adhésion des Européens avec, toutefois, certaines nuances. Alors que seulement 12 % des personnes interrogées indiquent n'avoir que rarement ou jamais le temps de finir leur travail, plus des deux tiers bénéficient d'une autonomie leur garantissant une marge de manoeuvre pour choisir ou changer leur rythme d'activité. En outre, 24 % peuvent adapter leur temps de travail à leurs besoins personnels.

Dans cette Europe élargie, le CDI reste la règle, mais 23 % des salariés ne disposent pas de contrat permanent. Dans la majorité des cas, précise l'enquête, ils ont un contrat à durée déterminée. Pour une majorité des nouveaux arrivants sur le marché du travail (ceux qui exercent une activité rémunérée depuis moins de quatre ans), la proportion de contrats temporaires atteint près de 50 % !

La formation délaissée

En matière de gestion des ressources humaines, les choses se gâtent. Ainsi, plus de 70 % des sondés n'ont reçu aucune formation au cours des douze derniers mois. A noter que les salariés du secteur public ont deux fois plus de chances de recevoir une formation que ceux du privé. La gestion des compétences est aussi mise au rencart puisque, pour environ la moitié des salariés, leur travail ne correspond pas à leurs compétences. Un tiers d'entre eux soulignent qu'ils pourraient exécuter des tâches plus complexes. Résultat : seulement 31 % des Européens considèrent que leur emploi offre des perspectives d'évolution.

Les indicateurs sur la santé et la sécurité au travail sont, eux aussi, inquiétants : 35 % des salariés affirment que leur travail nuit à leur santé et près d'un tiers indiquent que leur santé et leur sécurité sont menacées (sic) par leur activité professionnelle. Un sentiment qui peut s'expliquer, entre autres, par l'accélération des cadences : 46 % des personnes travaillent, « la plupart du temps ou tout le temps », à une cadence très élevée, note le rapport. Les formes de violence - brimades, agressions, harcèlement - concernent, quant à elles, 5 % des salariés.

Baisse de l'horaire hebdomadaire

Parallèlement à ces résultats, la Fondation de Dublin a comparé l'évolution des conditions de travail depuis 1991, année de sa première étude, qui ne couvrait que douze pays. Dans un document, elle montre, par exemple, que l'horaire de travail hebdomadaire moyen a diminué régulièrement au cours des quinze dernières années sous l'effet conjugué d'une progression du travail à temps partiel et d'une réduction du temps de travail hebdomadaire. Egalement, la part des salariés ayant des horaires atypiques (travail de nuit, de soirée, de week-end) reste très faible et n'a pas sensiblement évolué entre 1991 et 2005.

Les services en hausse

L'étude pointe, par ailleurs, la montée en puissance du secteur des services, illustrée par une proportion toujours plus nombreuse de salariés utilisant un ordinateur (de 31 % en 1991 à 47 % en 2005) et par un rythme de travail qui se cale sur les exigences des clients.

Quant aux femmes (40 % des salariés en 1991 et 44 % en 2005), elles « accèdent lentement aux fonctions dirigeantes : la part de travailleurs dont les supérieurs hiérarchiques sont des femmes a progressé au cours des dix dernières années », observe la Fondation.

(1) L'Europe des 25, la Bulgarie, la Croatie, la Norvège, la Roumanie, la Suisse et la Turquie.

Auteur

  • Jean-François Rio