La mondialisation tend à induire une redéfinition des contours des modèles auxquels la société industrielle nous avait habitués. La répartition du travail par genres est notamment affectée par le clivage Nord/Sud. Parallèlement au phénomène de concentration urbaine, on assiste ainsi à une véritable mondialisation des emplois liés au service des personnes : soins aux enfants, travailleuses domestiques, travailleuses sexuelles...

Dans une vision à peine caricaturale, les hommes des pays pauvres sont de plus en plus destinés aux fonctions militaires, tandis que les femmes vont dans les métropoles des pays riches, occuper les emplois qui leur sont traditionnellement dévolus dans la sphère domestique et des petits boulots informels indispensables à l'économie libérale. La croissance récente des emplois féminins s'est accompagnée d'une précarisation et d'une vulnérabilité accrue de ceux-ci, tandis que les femmes ajoutaient à leur rôle traditionnel au foyer et auprès des enfants celui de pourvoyeuse des ressources familiales, jusque-là dévolu aux hommes.

Mais d'autres tendances de fond se manifestent, comme la bipolarisation des emplois féminins avec, d'un côté, les femmes cadres des professions intellectuelles supérieures, catégorie qui se féminise de plus en plus, et, de l'autre, des femmes reléguées dans les métiers tels qu'employées du secteur public, de la santé, de l'éducation, des services aux particuliers... Cet ouvrage collectif tente de mettre en lumière l'incidence réciproque des mouvements économiques récents et de la répartition ancienne des rôles pour pointer l'émergence des nouveaux paradigmes de la différence des sexes.