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Les Pratiques

Imposer une nouvelle culture du travail en Pologne

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 07.11.2006 | François Gault, à Varsovie

Economistes, DRH et responsables politiques estiment que la Pologne a besoin de retrouver une culture du travail. Cette lacune se trouve à l'origine de nombreux problèmes et conflits sociaux. Un grand débat pour les Polonais.

En Pologne, la crise de la main-d'oeuvre va peut-être relancer la culture du travail. Beaucoup l'espèrent. Certains l'annoncent. « Les jeunes Polonais - qui émigrent et qui reviendront dans quelques années - vont apporter dans le pays un potentiel considérable pour la culture du travail : organisation du travail, élargissement des horizons, fonctionnement en équipe, confiance envers les autres... Tout cela manque profondément dans la Pologne d'aujourd'hui ! », constate Lena Kolarska, présidente de l'Institut des affaires publiques.

Une attitude passive

Le député européen Jan Kulakowski - un ancien syndicaliste - et d'autres experts ont commencé à tirer la sonnette d'alarme : « Dans les pays ex-communistes, l'effondrement de la culture du travail est évident. Et le chômage n'arrange pas la situation ! » Le sociologue Stefan Wilkanowicz explique également : « De l'ancien régime, nous avons hérité une attitude passive. Déjà, à l'école, chacun devait se débrouiller et renoncer à toute initiative individuelle ! Il fallait se taire, écouter, exécuter ! »

Depuis quelques années, les grandes sociétés étrangères en Pologne et les DRH ont commencé à reconstruire cette culture : parcours professionnels individualisés, aides à la réussite, communication interne élargie... Chez Volkswagen, pour la formation à la vie et au fonctionnement de l'entreprise, on offre le choix entre vingt stages différents. A ECK/EDF, des séminaires mesurent les attentes des salariés, définissent la notion de travail en commun, apprennent l'écoute des autres...

Chez TPSA/France Télécom (30 000 salariés polonais, 900 responsables RH), tous les salariés, cadres compris, suivent des formations : procédures d'accueil pour les jeunes, programme de développement des compétences pour tous, comités d'intégration...

Une mentalité différente et attractive à l'Ouest

« Les jeunes qui émigrent ne le font pas uniquement, comme on pourrait le croire, pour des salaires plus élevés. Ils partent aussi - et ils le disent - parce que la culture du travail, dans les pays d'Europe de l'Ouest, est différente et plus attractive, ajoute Lena Kolarska. En Pologne, les salariés ressentent un manque de considération de la part de nombreux employeurs, beaucoup travaillent dans de mauvaises conditions, les accords sociaux sont imprécis, les syndicats empêchés de fonctionner... En rentrant, les jeunes émigrés voudront maintenir la culture de travail qu'ils ont découverte à l'Ouest... »

La Pologne et les Polonais ont besoin de se forger une nouvelle mentalité concernant les relations du travail. Le processus va durer quelques années, mais il a déjà commencé.

Auteur

  • François Gault, à Varsovie