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Les Pratiques

40 % des ex-Samaritaine reclassés

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 07.11.2006 | P. S.

40 % d'embauches signées, c'est le résultat obtenu huit mois après la mise en place du dispositif de reclassement du plan social de la Samaritaine, alors qu'il se termine pour la majorité des salariés. Mais le couperet ne tombera pas pour ceux qui sont sans solution.

Huit mois après sa mise en place, c'est l'heure de vérité pour le plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) de la Samaritaine. Les employés de moins de 45 ans sortent, en effet, ce mois-ci, du dispositif prévu pour leur reconversion. Bilan : sur les 248 sortants, 22 sont sans solution. Parmi les 58 autres qui sortiront le 31 janvier, 45 sont sans solution identifiée, et ils sont une cinquantaine parmi la centaine qui terminera le plan le 30 avril 2007. Un résultat que la direction du groupe LVMH, qui a racheté la Samaritaine en 2001, qualifie d'« encourageant ». Selon elle, « 95 % de nos salariés ont une solution ». Mais cela ne satisfait pas les syndicats. En effet, une minorité seulement a pu bénéficier de la mesure centrale du plan : une réintégration dans le groupe, qui compte 50 marques.

Charte d'évolution professionnelle

En juin 2005, la Samaritaine fermait pour raison de sécurité ; 725 collaborateurs se trouvaient alors sans emploi. En février 2006, un PSE, qualifié d'exemplaire par la direction de la Samaritaine, était signé. Sur les 725, 458 qui n'entrent pas dans le cadre des retraite, préretraite, reclassement anticipé... paraphent alors une charte d'évolution professionnelle qui leur permet d'être aidés dans leur recherche d'emploi. Les cabinets Sodie et Altédia se partageant la tâche de les accompagner dans leurs démarches pendant lesquelles les salariés bénéficient de la garantie de salaire.

Principal acquis de haute lutte par les syndicats, la charte prévoit que tout collaborateur qui le désire se verra formuler deux offres valables de reclassement en interne (OVRI). Et ce, sur « un poste correspondant à la qualification du salarié et/ou à son projet professionnel, avec une rémunération au moins équivalente à celle perçue à la Samaritaine et n'impliquant pas une distance domicile/travail de plus de 2 heures aller-retour ». Aujourd'hui, 95 salariés sur les 458 ont signé un contrat en interne.

Aussi, régulièrement, les salariés, à l'appel des syndicats, se rassemblent devant les portes fermées du magasin pour manifester au sujet des OVRI. « Nous, les anciens de la Samar, LVMH ne nous trouvent pas assez bien pour travailler dans le luxe, bougonne Pierre Moulin, délégué CFDT. Les seules entreprises du groupe qui jouent le jeu avec nous sont Séphora, Vuitton et le Bon Marché. »

Les problèmes d'ajustement des postes et des salaires sont nombreux. Mais « tant que le salarié n'a pas bénéficié de deux OVRI, il continue d'être payé par la Samaritaine, explique Mathé Podevin, déléguée CGT ». C'est le cas des 22 sortants sans solution de ce mois-ci.

L'aspect financier du PSE n'est donc pas en cause. « Les garanties sont exceptionnelles, assure Florence Krivine, consultante chez Secafi, le cabinet d'expertise intervenu auprès du CE à l'époque de la négociation du PSE. Les formations longues sont entièrement financées, les plus de 55 ans sont pris en charge à 100 % jusqu'à la liquidation de leur retraite, le parcours de reclassement est sécurisé. » En 2005, 179 millions d'euros de charges exceptionnelles, dont 55 millions pour le PSE, ont été provisionnés dans les comptes du groupe.

Deux handicaps au reclassement

L'efficacité du PSE en matière de reclassements souffre, en revanche, de deux handicaps. Tout d'abord, les membres de la direction du groupe, sur qui repose, aujourd'hui, l'application du plan, ne sont pas ceux qui l'ont signé. « Dans le groupe, chaque directeur de magasin possède une grande autonomie, détaille Thierry Rondeau, délégué CFTC, et ils ne se sentent pas obligés de respecter la définition des OVRI. Ces dernières semaines, il a fallu batailler pour que Séphora supprime la clause de mobilité qu'elle faisait figurer dans les nouveaux contrats proposés aux reclassés. »

Ensuite, la commission de suivi ne s'intéresse pas aux cas individuels mais au résultat global. « La gestion de la commission est complètement verrouillée, déplore Madeleine Charton, déléguée CGT, nous n'avons aucun moyen d'action à l'intérieur pour envisager des mesures qui corrigeraient les blocages. »

Toutefois, d'autres solutions que celles en interne ont fonctionné, qui permettent au PSE, aujourd'hui, de faire bonne figure ; 166 contrats d'embauche signés pour 458 salariés en recherche, soit 40 %, c'est un bon score, comparé aux chiffres que donne la Dares, qui font apparaître un taux moyen de reclassement en CDI de 29 %, en 2002, par les antennes-emploi, dispositifs publics qui accompagnent les restructurations.

Bilan d'étape

A la date du 24 octobre 2006, sur tous les salariés concernés par le PSE, 95 avaient signé un contrat en interne, 71 en externe ; 36 salariés ont bénéficié d'un maintien en activité dans les locaux fermés ; 195 ont fait valoir leur droit à la préretraite et à la retraite.

140 personnes sont toujours en recherche d'emploi, dont 75 en attente de finalisation de projet. Parmi elles, seulement 7 ont choisi la formation et 8 la création d'entreprise. Les autres sont en essai ou en période d'adaptation. Enfin, 68 ont choisi le «chèque valise».

Auteur

  • P. S.