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Enquête

Syndicat à tout faire pour maçons new-yorkais

Enquête | publié le : 07.11.2006 | Caroline Talbot, à New York

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Syndicat à tout faire pour maçons new-yorkais

Crédit photo Caroline Talbot, à New York

Le Mason Tenders District Council joue un rôle d'intermédiaire entre les maçons et les grandes entreprises de construction new-yorkaises.

Local 79, le syndicat new-yorkais des Mason Tenders District Councils, en clair, les maçons, dispose de sa propre agence pour l'emploi, sur la Huitième avenue, à Manhattan. C'est là, dans le Hiring Hall (le couloir de l'embauche), que les employeurs liés au syndicat appellent pour demander qu'il leur envoie les maçons dont ils ont besoin. Local 79 dépêche alors ses candidats potentiels : des syndiqués à jour de leur cotisation (22 dollars par mois), ayant obtenu les diplômes nécessaires dans le centre de formation contrôlé par plusieurs syndicats. Ici, au siège des Mason Tenders District Councils, les syndicalistes ont appris depuis longtemps à gérer, avec leurs homologues patrons, de multiples services.

Gestion commune

Richard Weiss, le directeur de la communication du fonds de gestion des collectes, montre une fiche sur laquelle sont détaillés les tarifs horaires que le syndicat a négociés avec les patrons : 29,20 dollars pour un salarié au milieu de l'échelle..., mais l'employeur paie, en fait, aux Mason Tenders, 48,24 dollars de l'heure. Car ce prix comprend l'assurance santé, les retraites générale et complémentaire, la formation, la promotion du métier..., un ensemble de services gérés par Local 79.Très tôt, dès le début du XXe siècle, employeurs et salariés ont décidé de confier au syndicat local la gestion de la retraite et de l'assurance santé.

Employeurs multiples

« Dans la construction, vous pouvez vous retrouver avec vingt employeurs différents sur une période d'un an », explique Richard Weiss. Le syndicat joue l'intermédiaire pour faciliter les relations des uns avec les autres. Les représentants du Local 79 choisissent l'assureur pour la complémentaire santé, ainsi que les gestionnaires du fonds de retraite. Chaque fois qu'un maçon justifie 150 heures de travail, il engrange des points pour sa retraite.

Le Local 79 compte, aujourd'hui, 7 500 membres actifs et 2 000 retraités. Cela ne recouvre pas la totalité des maçons de New York, certains salariés pouvant accepter de travailler dans de moins bonnes conditions. Mais il ne cesse d'ajouter des services pour se rendre encore plus indispensable. Le centre de formation, que les membres peuvent fréquenter gratuitement entre deux missions, initie à la maçonnerie, au retrait de l'amiante, à l'apprentissage de l'anglais...

Local 79 et ses employeurs amis consacrent aussi des moyens à la promotion du métier et au respect de la réglementation. « Nous envoyons nos représentants sur les chantiers pour vérifier la sécurité des travaux, explique Richard Weiss. Nous nous autorégulons. »

L'éventail de services offerts par les Mason Tenders est si large qu'il attire de nouvelles recrues. Surprise : les professeurs de l'enseignement catholique ont rejoint les maçons pour bénéficier de leur assurance santé.

Un rôle de service public

- Le syndicalisme de services s'est développé aux Etats-Unis dans les années 1950 dans certains secteurs tels le bâtiment ou les spectacles, du fait de la spécificité du métier. Les charpentiers, les électriciens, les plâtriers... peuvent être embauchés, pour deux semaines ou deux ans, par de multiples employeurs. Aussi, pour simplifier leur vie et celle des entreprises, les syndicats ont pris l'habitude de jouer les intermédiaires. Lorsqu'un constructeur immobilier a besoin d'électriciens, il appelle le syndicat et négocie le prix de la mission. Ses responsables lui procurent les professionnels dont il a besoin et s'occupent également de l'assurance santé, de la retraite, de la formation de ses adhérents, de la caisse de grèves... Pour bénéficier de ces services, ou tout simplement pour pouvoir travailler, les salariés doivent cependant adhérer au syndicat, lorsqu'il est implanté dans l'entreprise.

- Le taux de syndicalisation est très contrasté. En moyenne, il est de 6 % dans le privé, explique Richard Hurd, professeur en relations du travail à l'université Cornell, dans l'Etat de New York. Mais dans la construction, il atteint 15 %. Et dans les entreprises où un syndicat s'est implanté, il est de 100 %.

- Le syndicalisme de services s'est aussi renforcé dans les années 1980, avec l'arrivée de nouvelles offres proposées par l'AFL-CIO (la grande centrale syndicale américaine) : en échange d'une modeste contribution annuelle, le membre «associé» dispose d'une carte de crédit, des services d'une agence de voyage, de conseils juridiques... Les syndicats, explique Richard Hurd, espèrent ainsi « nouer le dialogue avec des nouveaux venus qui deviendront plus tard adhérents ».

Auteur

  • Caroline Talbot, à New York