logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Enquête

L'influence des syndicats attaquée

Enquête | publié le : 07.11.2006 | Marie-Laure Le Foulon, à Stockholm

Les syndicats suédois ont vu leur suprématie confortée quand les sociaux-démocrates les ont associés à la gestion de l'assurance chômage. Revenue au pouvoir, la droite tente de réduire leur influence.

Avec 80 % de salariés syndiqués, la Suède arrive en tête du taux de syndicalisation dans les pays de l'OCDE. Une singularité qui trouve son origine dans la paix sociale signée entre le patronat et les syndicats, il y a près de soixante-dix ans. D'après l'accord de Saltsjöbaden, les rémunérations et les conditions de travail doivent être encadrées par des conventions collectives signées par les partenaires sociaux.

Contrairement à la France, la législation du travail est donc restreinte en Suède. Ainsi, il n'existe pas de salaire minimum. Sans aller jusqu'à la cogestion à l'allemande, les syndicats sont davantage un intervenant au sein de l'entreprise qu'une instance externe à celle-ci. D'ailleurs, la centrale ouvrière historique LO, qui compte 1,8 million d'adhérents, n'est pas en concurrence avec le syndicat des cols blancs TCO (1,2 million de membres) ou avec la Saco et ses 580 000 membres issus des professions qui exigent des études supérieures.

Fonds de chômage

L'adhésion aux syndicats reste formellement libre, mais l'Etat social-démocrate, très proche de la centrale LO, en leur déléguant une partie de la gestion de l'assurance chômage, a voulu inciter les salariés à se syndiquer. L'assurance chômage n'est pas obligatoire et ne fait pas partie de la sécurité sociale suédoise, mais elle est gérée par des syndicats. L'appartenance à l'un d'eux entraîne, de facto, l'accès à un fonds de chômage. Il est cependant possible d'adhérer sans être membre d'un syndicat, ce que fait 10 % de la population active suédoise.

L'alliance de droite arrivée au pouvoir lors des élections de septembre dernier est en train d'ébranler le système. A partir du 1er janvier 2007, les cotisations aux fonds de chômage vont être fortement augmentées et l'abattement fiscal pour les cotisations syndicales supprimé. Le salarié qui payait l'équivalent de 35 euros par mois en cotisations (dont un tiers partait au fonds d'assurance chômage) devra, désormais, verser plus du double.

Véritable «déclaration de guerre»

Les centrales syndicales estiment qu'elle pourraient ainsi perdre de 10 % à 15 % de leurs effectifs, voire 20 % pour LO, qui regroupe les salariés aux revenus les plus bas. D'ailleurs, au siège de la centrale ouvrière à Stockholm, on n'est pas loin de qualifier la réforme de l'assurance chômage de véritable «déclaration de guerre». Pour garder leurs membres, les syndicats suédois tentent de mettre en avant les services qu'ils proposent, de l'assurance décès aux conseils juridiques, en passant par l'assurance habitation...

Le service le plus performant reste cependant l'assurance complémentaire du salaire. Mise sur pied par certaines fédérations de TCO et par la Saco depuis la fin des années 1990, elle permet d'atteindre 80 % du salaire réel en cas de chômage.

Pour l'heure, les syndicats - tous unis - négocient avec le gouvernement pour tenter d'éviter une crise sociale de grande envergure, la première depuis vingt-cinq ans.

Auteur

  • Marie-Laure Le Foulon, à Stockholm