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Les Pratiques

Un soap opera contre les préjugés religieux

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 17.10.2006 | Stéphanie Salti, à Londres

Axa PPP Healthcare, filiale britannique d'Axa, a utilisé les vertus du soap opera pour mettre en scène un cas de discrimination religieuse. Une manière de sensibiliser ses salariés aux implications légales de toutes les formes de harcèlement.

Sous le nom de Project Julie, la division PPP Healthcare de l'assureur Axa au Royaume-Uni a voulu impliquer pendant dix jours, en décembre dernier, ses 1 800 salariés autour des implications légales du harcèlement religieux. « Tous les ans, nous demandons à un avocat de venir parler des lois en entreprise, commente Mark Mortoon, DRH au sein d'Axa Healthcare, et, la plupart du temps, nos salariés ne se sentent pas impliqués. »

Cette fois, la direction a utilisé un personnage de fiction. Interprétée par une actrice recrutée à cette occasion, Julie est une fervente catholique raillée par ses collègues pour ses convictions, et à qui la direction de l'entreprise a refusé une promotion.

Mise en scène

« Le choix d'une situation de discrimination religieuse s'imposait dans la mesure où c'est un cas de figure susceptible d'affecter n'importe quel salarié dans une entreprise, explique Mark Mortoon. Nous avons choisi de mettre en scène une catholique plutôt qu'une musulmane, pour la simple raison que cette dernière religion est très peu représentée parmi nos salariés », ajoute le DRH. Ceux-ci ont d'abord été sensibilisés par des affiches au début du mois de décembre, puis, très vite, ils ont été confrontés à des situations en temps réel, comme, par exemple, l'irruption du «mari» de Julie dans l'entreprise et l'intervention des forces de sécurité. A d'autres reprises, Julie est apparue dans la cafétéria, en larmes, après une altercation avec des collègues. Une véritable mise en scène à laquelle les salariés ont immédiatement adhéré : « Au début, certains croyaient que toute cette histoire était réelle, avant de réaliser qu'il s'agissait d'un exercice », commente le DRH.

Un site intranet a d'ailleurs été créé pour l'occasion. Les salariés étaient invités à répondre à Julie sur son blog. Ce qu'ils ont fait : 2 000 d'entre eux ont généré 16 000 posts sur le site pendant la période de l'exercice. « Pour que le réalisme soit total, nous avons demandé à un juge d'un tribunal professionnel de Croydon de se prêter à l'exercice en écoutant l'ensemble des témoignages des acteurs en présence », explique Mark Mortoon. Pour la petite histoire, le juge n'a pas condamné Axa PPP Healthcare pour le refus de promotion, tout en indiquant que l'entreprise devait mieux prévenir les risques de harcèlement par des collègues. Forte de ce premier succès, Axa s'apprête à refaire un exercice en temps réel en avril prochain.

Auteur

  • Stéphanie Salti, à Londres